L'adénopathie des cancers de la face et du cou / P. Sebilau.

  • Sebileau, P.
Date:
[1904]
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Credit: L'adénopathie des cancers de la face et du cou / P. Sebilau. Source: Wellcome Collection.

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    des tissus; à ce niveau, la muqueuse était un peu plus rouge et la pression provoquait une petite douleur. Je rétractai, par un badigeonnage de cocaïne et d’adrénaline, la muqueuse de la région nasale rétro-vestibulaire et je pus alors, non sans difficulté, découvrir profondément, sur le plancher de la fosse nasale droite, le front irrégulier d’une masse bour¬ geonnante, dont une portion était infiltrée dans la concavité du cornet inférieur, et dont l’autre s’épanouissait dans le méat. Un stylet, introduit par l’orifice antérieur de la fosse nasale, tantôt venait buter contre la formation et provoquait une légère hémorragie, tantôt s’insinuait entre elle et les parois nasales pour pénétrer jusque dans le cavum. Ainsi pouvaient désormais recevoir leur interprétation raisonnable, l’infection et l’obstruction tubaires, génératrices de surdité. Mais un doute planait encore sur le diagnostic : ce proces¬ sus, qui évoluait sur le plancher delà fosse nasale,qu’était-il? Ressortissait-il à la syphilis tertiaire ou bien ressortissait-il au cancer ? Je dois dire que le caractère atténué des douleurs, l’absence de suppuration fétide et d’hémorragie, la marche relativement lente de l’affection, le mode de réaction de la face buccale du voile qui m’apparaissait mou, empâté, œdémateux, la coexistence d’une diplopie dans le regard oblique externe à droite et d’un myosis très accusé me pous¬ sèrent, tout d’abord, à incriminer la syphilis ; mais mon espoir fut de courte durée. Je fis décolleter la malade et j’explorai la région cervicale. Dans la profondeur du cou, derrière l’angle de la mâchoire, sous le muscle sterno- cléido-mastoïdien, là où, contre la paroi pharyngée, s’épa¬ nouit, vers la langue et la face, la carotide externe, je sentis un ganglion pas très gros, une noisette à peine, mais si dur, si pierreux, si enfoncé, si rebelle aux efforts que je faisais pour le détacher de 1a. profondeur et l’amener à exploration, et si obstinément attaché au pharynx que mon diagnostic fut irrévocable : la malade avait un cancer. Voilà la première phase de l’adénopathie cancéreuse : ganglion isolé, non encore adhérent aux plans musculaires de recouvrement, sans périadénite.