Des mesures administratives à prendre dans le but d'empêcher la propagation des maladies vénériennes / par le docteur de Sandouville ; avec des notes de M. Trébuchet.

  • Sandouville, Albert Jean de.
Date:
[1850]
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Credit: Des mesures administratives à prendre dans le but d'empêcher la propagation des maladies vénériennes / par le docteur de Sandouville ; avec des notes de M. Trébuchet. Source: Wellcome Collection.

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    giène publique, et elles n’ont point d’hôpital où elles puissent enfermer leurs malades; ce- pendant Lyon, qui soudent l’hospice de l’Antiquaille de ses deniers, refuse d’augmenter par des charges étrangères la subvention qu’elle fournit. Aussi la prostituée que la violence de son mal force d’aller frapper à la porte de l’hospice de l’Antiquaille, n’a souvent d’autre ressource que celle de se faire arrêter à Lyon pour un délit de prostitution : souvent encore n’y parvient-elle pas. Reconnue étrangère, renvoyée et conduite par un agent hors des murs, elle y rentre bientôt. On a vu à l’hospice des femmes relâchées jusqu’à quatre fois avant d’avoir pu obtenir un traitement. 11 est presque superflu de dire que cet ensemble d’abus réagit sur la santé de la garnison. Lorsque le chiffre des soldats en résidence à Lyon ne s’élevait qu’à 5,000 hommes, on ren- contrait un vénérien sur AO hommes. Actuellement, avec une garnison de 16,000 hommes, on compte un vénérien sur AO soldats, d’après les registres de l’hôpital militaire, chiffre inférieur à la réalité, puisqu'un grand nombre de soldats se font traiter à la chambrée. Ajoutons, pour compléter ce tableau de désordre, que la rétribution des médecins sanitaires repose sur une taxe levée dans les maisons de tolérance, taxe heureusement abolie à Paris. En présence de tant d’abus, ayant pour théâtre la deuxième ville de France, que devons- nous attendre des localités de moindre importance ? Nous avons vu, à Avranches, plusieurs élèves du collège contaminés par une seule fille Yiroise de passage dans la ville. Est-il nécessaire qu’une loi vienne réglementer la prostitution dans toute la France, en admettant seulement, pour certaines villes, tels ou tels usages spéciaux commandés par l’expérience? Nous ne le croyons pas, et adoptons volontiers cette opinion émise par un Préfet de Police: « Qu’une pareille loi serait considérée comme immorale et par cela même » soulèverait les esprits (1). » Une instruction émanée du Ministère du Commerce, qui a actuellement dans ses attributions tout ce qui intéresse la santé publique, et dont les matériaux pourraient être fournis par la Préfecture de Police de Paris, serait suffisante pour diriger les Préfets et les Maires dans la rédaction de réglements de police applicables aux villes où ils seraient reconnus nécessaires. 11 nous semble que l’opinion publique accueillerait ces instructions avec une extrême faveur. Relativement aux visites à opérer dans les corps de troupes, nous voyons, qu’à l’époque du mariage du duc de Berry, une partie de la Garde royale ayant été envoyée à Lyon pour se trouver sur le passage de la Princesse, cette Garde fut à son retour tellement infectée de maladies vénériennes, qu’au lieu de fournir dans le cours d’une année cent vénériens à l’hôpital, chiffre habituel, elle en envoya quatre cent dix! ce qui donna lieu à une me- sure qui n’avait jamais été prise et que voici : Le Préfet s’étant concerté avec le Ministre de la Guerre, il fut arrêté : Que toutes les troupes de la garnison seraient visitées une fois par semaine par les chirur- giens-majors, en présence de l’officier de chaque quartier, et que tout militaire reconnu ma- lade serait immédiatement consigné et conduit à l’hôpital ; (I) D’ailleurs les lois des 16-2â août 1790 et 22 juillet 1791 donnent à l’autorité municipale tout pouvoir de prendre à cet égard les mesures convenables.