Note sur un cas d'haphéphobie / par E. Weill et M. Lannois.

Weill, E.

Date:: [1892]

Catalogue details

Licence: Public Domain Mark

Credit: Note sur un cas d'haphéphobie / par E. Weill et M. Lannois. Source: Wellcome Collection.

Provider: This material has been provided by King’s College London. The original may be consulted at King’s College London.

5/6 (page 221)

hensiou plus précise du contact, quand on étend la main vers lui, immédiatement il est pris d'angoisse comme l'ago- raphobe, il a une émotion profonde : il n'essaye pas, comme certains obsédés, de raisonner son délire émotif. Ses.terreurs sont vagues, réflexes. Les centres émotifs sont excités, sans représentation mentale d'une image quelconque. Quand on l'interroge sur la cause de son angoisse, il vous répond qu'il ne sait pas ce qui l'épouvante. Il ne craint pas comme l'a- goraphobe d'être perdu dans un espace trop grand, d'avoir des vertiges, il a peur, voilà tout. Il a parfaitement cons- cience de son état, il sait que ses craintes sont vaines, mais il ne peut résister et sa fuite est véritablement impulsive. Elle l'est au point de déterminer des actes insensés, comme de se jeter par la fenêtre ou dans l'eau. Nous retrouvons là tous les caractères du syndrome de Magnan, le délire émo- tif, la lucidité, l'irrésistibilité, l'impulsion. L'baphépbobie paraît avoir été chez Br... le seul stig- mate psychique qu'il ait présenté. Jamais elle ne s'est trans- formée en un autre syndrome. Toutefois il a fait une ten- tative de suicide. L'haphéphobie s'est manifestée chez lui de très bonne heure, car il en a souffert aussi loin qu'il se souvienne. Ce phénomène singulier fait en quelque sorte partie de son état mental. Nous n'avons trouvé chez lui aucun stigmate physique, ou du moins le léger bredouillement qu'il manifeste, la dif- ficulté de relever la pointe de la langue, l'inégalité pupil- laire peuvent être rapportés à la même lésion cérébrale qui a déterminé à deux reprises une aphasie transitoire. Nous n'insistons pas d'ailleurs sur ces deux attaques qui n'ont pas grande signification au point de vue de la dégénéres- cence. Mais l'état mental de Br... est plus caractéristique. Dès son enfance il a été considéré comme mal équilibré. Il a quitté sans motif une bonne place, et dans une affaire de soierie qu'il faisait de commun avec son beau-frère, il a montré de la négligence, de l'irrégularité, disparaissant quelquefois plusieurs jours de suite. Il rêve beaucoup, mais n'a jamais présenté de délire pro- prement dit. Il offre ce trait commun avec beaucoup de dégénérés qui échappent à la manie, à la mélancolie ou aux différentes formes de délire ambitieux, de persécution, etc.