Note sur un cas d'haphéphobie / par E. Weill et M. Lannois.

Weill, E.

Date:: [1892]

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Credit: Note sur un cas d'haphéphobie / par E. Weill et M. Lannois. Source: Wellcome Collection.

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et que la pupille droite est un peu dilatée. Pas de troubles de la marche, ni de la sensibilité, légers vertiges. — Il parle avec une certaine diffi- culté et semble avoir perdu des mots : il lit et écrit convenablement, mais ne saisit pas toujours très bien ce qu'on lui dit comme s'il avait un léger degré de surdité verbale. En somme il fut considéré comme ayant de l'aphasie sans hémiplégie. Pendant quatre à cinq mois il conserva de la difficulté de la parole et une sorte de bégayement; souvent il ne trouvait passes mots. Par exem- ple, allant un jour chercher du vin, il savait très bien ce qu'il voulait, mais ne put prononcer le mot de vin. Après ce temps tout serait rentre dans l'ordre et il se considérait comme guéri. Le 20 décembre, à huit heures du matin, comme la première fois, le malade montait une balle de linge lorsqu'il fut pris de malaise avec sensation de froid et perte subite de la parole. Son fils, aussitôt prévenu, le conduisit au commissariat de Bellecour pour le faire transporter à l'hôpital; là, il eut une perte de connaissance qui dura environ trois quarts d'heure et dont il ne se rappelle pas. Il fut amené à Saint-Pothin en voiture. Examiné quelques heures après, il répond à peu près correc- tement, quoique avec un peu de bredouillement, et raconte qu'au mo- ment où il a été pris brusquement, il comprenait très bien ce qu'on lui disait, mais ne pouvait répondre. 11 voyait et reconnaissait les personnes qui lui parlaient, notamment son fils. Toutefois dans la journée sa petite fille est venue le voir et il ne l'a reconnue qu'après qu'elle se fut nommée. Il a une sorte de bégayement, de bredouillement, surtout pour quel- ques mots un peu difficiles à prononcer. Il répète assez correctement les mots qu'on prononce. Mais il ne trouve pas tous les mots : si on lui montre une orange, une cuillère, un verre, une montre, il dit : « C'est pour manger, pour boire, pour voir l'heure, et il répète ensuite le nom qu'on lui a dit avec une véritable satisfaction. Il voit bien les objets, mais il ne peut lire. Il dit ne pouvoir lire que les grosses lettres, et même après avoir commencé à lire les deux pre- mière syllabes du titre d'un journal, il se met à épeler les autres lettres d'une façon incorrecte : si alors on lui lit le mot qu'il cherche, il le ré- pète en ayant l'air de le reconnaître. — Il écrit son nom facilement et aussi les mots qu'on lui dicte, mais avec beaucoup de peine et beaucoup d'incorrection; il ne peut recopier des mots ou des lettres. Au bout de quelques minutes il ne peut reconnaître ce qu'il vient d'écrire et c'est à peine s'il peut déchiffrer son nom. Peut-être y a-t-il un peu de parésie gauche de la face, mais c'est dou- teux. La seule chose manifeste, c'est qu'il ne peut siffler, et qu'il lui est impossible de relever la pointe de la langue bien qu'il la sorte facile- ment de la bouche. La pupille droite est plus large. Absence complète de paralysie. Actuellement (au moment de la présentation) ces derniers phénomènes persistent (impossibilité de relever la pointe de la langue, inégalité pu- pillairo). Il a beaucoup perdu la mémoire et la façon dont sa lèvre supé- rieure est parfois agitée de tremblements fait songer à la paralysie