Note sur un cas d'haphéphobie / par E. Weill et M. Lannois.

Weill, E.

Date:: [1892]

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Credit: Note sur un cas d'haphéphobie / par E. Weill et M. Lannois. Source: Wellcome Collection.

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lier, disparaissait quelquefois plusieurs jours de suite. Il prenait tout au tragique et un jour faillit se suicider. Cependant il n'a jamais eu de crises ni d'accès prolongés de délire ; il rêve beaucoup et a facilemeut des cau- chemars. Les renseignements quant à l'alcoolisme sont contradictoires • il nie d'ailleurs avoir fait des excès de boisson. 11 a eu huit enfants dont cinq sont morts en bas âge sans qu'il puisse dire de quelle maladie. Des trois qui lui restent une fille est religieuse et il ne sait ce qu'elle est devenue ; une autre fille est très nerveuse, mais il n'a pas été possible de savoir où elle est actuellement. Enfin un fils, que nous avons vu, a la même peur des contacts que lui, mais seule- ment s'il n'est pas prévenu. Lorsqu'il regarde son interlocuteur on peut étendre la main vers lui sans qu'il bouge; mais si on le touche à l'impro- viste par derrière, il se dérobe aussi brusquement que son père. Le père de notre malade paraît avoir eu la même affection : notre ma- lade nous a en effet répété à plusieurs reprises que son père bougeait comme lui et était très vif. Il se suicida à l'âge de 56 ans à la suite de chagrins domestiques (suicide par le charbon). Jean Br... eut deux frères et une sœur. Le premier, Etienne Br.. , partit pour l'Amériqne où il est mort. Le second, Antoine Br..., d'un caractère très difficile et emporté, mourut d'un cancer de l'estomac à 54 ans, le jour même où on devait l'interner à Bron. A la suite de grands excès alcooliques il était devenu fou et avait mis le feu à sa mai- son. Renseignements contradictoires sur l'existence de l'haphépbobie chez cet homme : sa femme, que nous avons vue, nie la crainte des con- tacts chez son mari, alors que Jean Br... dit que son frère était comme lui. — Antoine Br.. eut onze enfants dont quatre sont encore vivants : une fille de 35 ans, faible d'esprit, est à l'Asile des incurables de la rue Jarente et présente des troubles trophiques récents du nez, un fils de 34 ans, alcoolique avéré, une fille de 27 ans sur laquelle nous n'avons pas de renseignements, et un fils de 19 ans estropié depuis l'enfance (pa- ralysie infantile?). La sœur d'Antoine Br..., d'un caractère difficile, assez bien mariée, tenait tout le reste de sa famille à l'écart. Pas de renseignements. Elle eut trois enfants morts tous les trois : l'un d'eux est mort d'absinthisme peu après son retour d'Afrique. Il fréquentait beaucoup son oncle Jean et, les renseignements concordent sur ce point, avait la même affection que lui. L'histoire que nous venons de rapporter est celle d'un hé- réditaire ou d'un dégénéré avec intégrité relative de l'intel- ligence, bien qu'elle soit plutôt au-dessous de la moyenne. L'haphéphobie peut être évidemment assimilée à ce que Magnan appelle un syndrome épisodique. Elle présente chez Br... le caractère de l'obsession. Dès qu'il se voit en pré- sence de quelques personnes, son attitude devient méfiante, il se sent mal à l'aise, il est inquiet ; puis, vienne l'appré-