Science ancienne et science moderne / par Victor Egger.

  • Egger, Victor, 1848-
Date:
1890
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Credit: Science ancienne et science moderne / par Victor Egger. Source: Wellcome Collection.

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    Telle est la science moderne, et la science ainsi entendue, ainsi organisee, les anciens ne Tout pas connue. Ils out fait pourtant, l’histoire le prouve, plusieurs tentatives pour la constituer; mais tontes ces tentatives ont echoue. Quelle cause peut-on attribuer a cet avortement de leurs efforts? Le probleme vaut la peine d’etre examine (1). Pour l’eclairer, pour en preciser les termes, il faut remarquer toutd’abord que l’unite dela science moderne est due a la methode experimental. Dans un corps savant, College de France ou In- stitut, ce sont les physiciens et les naturalistes qui servent de trait d’union entre les geometres et les historiens. Les anciens ont fonde les sciences mathematiques sur des bases inebranlables; l’histoire leur doit non seulement des chefs-d’oeuvre, mais des modeles de rigueur et de sure methode; il suffit de nommer Thucydide et Polybe; dans le domaine de la pure observation, ils ont pose les fondements de l’astronomie, ceuxde lamedecine avec Hippocrate, ceux de l’histoire naturelle avec Aristote et Theophraste; destrois methodes sur l’emploi desquelles repose la science moderne, la methode mathematique, la methode experimental et la methode historique, la seconde seule, celle il estvrai dont le domaine est aujourd’hui le plus vaste et le plus ardemment explore, leur est restee a peu pres inconnue. A defaut de l’experimentation, ils ont pratique l’observation; mais la methode experimentale, si on la comprend bien, n’est qu’un perfectionnement de la methode d’ob- servation inspire par le sentiment des defauts de la simple obser¬ vation, et s’en tenir acelle-ci, e’etaitne pas comprendre les vraies conditions de l’observation scientifique; le perfectionnement des procedes de l’observation proprement dite, dans les regions de la nature ou l’experimentation est impossible, a suivi la naissance et les progres de la methode experimentale; l’observation savante et rigoureusedes modernes, l’observation preparee par des hypotheses et assuree par des instruments, ne differe pas sensiblement de 1’experimentation, et leur limite est devenue aujourd’hui impos¬ sible a fixer; on l’a bien vu quand, il y a quelques annees, M. de Lacaze-Duthiers revendiquait devant l’Academie des sciences le titre d’experimentateur que certains de ses confreres lui contes- (1) Dans un court mais profond article do la Critique philosophique (18 mars 1875), intitule : le Progr&s dans les sciences, M. Renouvier a raconte comment la science fut creee par les Grecs et comment cc mouvement si bien « lanc4 », a Alexandrie surtout, s’arreta court, remplace par l’inyasion des superstitions oricntales. Mais il s’est refuse a chercher les causes de ce plieno- mene, sc contcntant d’etablir par cet cxemple le peu de fondement de la croyance trop repandue a un progres neccssaire des sciences et de la civilisation.