Pasteur / [E'llick].

  • E'llick.
Date:
[between 1890 and 1899?]
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Credit: Pasteur / [E'llick]. Source: Wellcome Collection.

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    gie, un si beau mépris de la mort, que le vainqueur en fut ravi d’admiration et envoya enfin l’ordre « de ne pas les tuer tous »; mais, au contraire, de leur faire quartier, afin de « garder pour graine » ces intré¬ pides combattants. Le grand homme que la France vient de perdre était de la descendance de ces vigou¬ reux et tenaces Comtois qui ne se rendent jamais. Rends-toi, Comtois! — Nenny, ma foy! c’est leur devise; on les y voit toujours fidèles ; soit qu’ils aient à faire front à l’en¬ nemi sur un champ de bataille, soit qu’ils aient à livrer le perpétuel combat du travail, dont le prix est seulement le pain de chaque jour. Pendant la dernière guerre, un de ces hommes allait droit au bataillon allemand qu’il avait à combattre, la poitrine trouée de part en part par une balle et il ne cessait d’aller que terrassé et à demi mort par la perte de son sang. Dieu l’a gardé. C’est l’héritier d’un des plus illustres noms de cette province. 11 est marguillier de sa paroisse ; il enseigne le catéchisme aux petits enfants ; il chante au lutrin comme autrefois Charlemagne : son frère est un des disciples de saint Bruno : ses fils servent la patrie ou se préparent à la servir dans nos armées de terre et de mer. II. LA NAISSANCE DE PASTEUR SES PREMIÈRES ANNEES Le père de Louis Pasteur fut d’abord sol¬ dat et eut large part aux rudes campagnes du premier Empire. Il avait été décoré sur le champ de bataille, et, jeune encore, il était revenu à Dole, au pays natal, où il n’avait plus de foyer. Tous ceux de sa famille étaient allés à la vie éternelle. Pour gagner sa vie, le soldat se fit artisan : il prit le pénible métier de tanneur. Un jour, il ren¬ contra une jeune fille vaillante et coura¬ geuse comme lui. Il en fit sa compagne, et tous deux, la main dans la main, l’âme haute et le cœur fier, ils entrèrent dans leur laborieuse existence. ? Le ciel bénit leur union. Deux jours après Noël, en 1822, un fils leur naquit* qui reçut au baptême le prénom de Louis. En 1825, leurs petites affaires avaient prospéré; ils y avaient mis l’un et l’autre beaucoup d’ordre, beaucoup d’économie et d’esprit de suite. Et [ils quittaient Dole pour aller s’établir à Arbois, ville voisine où ils venaient d’acheter une tannerie sur les bords de la Cuisance. C’est dans cette tan¬ nerie et dans cette petite ville que Louis , Pasteur passa son enfance. Sa mère était. une pieuse et simple femme, elle en fit lê chrétien droit et fidèle qu’il a toujours été;! son père était un patriote; en lui apprenant à lire, il lui apprit aussi à aimer la France { et lui mit au cœur la noble passion de la bien servir. Quand cet enfant eut l’âge d’aller aux v écoles, il fut envoyé comme demi-pension¬ naire au petit collège d’Arbois. La première fois qu’il en franchit le seuil, il avait sous les bras tous les gros dictionnaires qu’il avait pu trouver au logis paternel. ,Véné- ^ râbles bouquins qu’il savait à peine feuil- ^ leter; mais qu’il était tout fier de possé-1 der, lui, le plus petit parmi ses jeunes ? camarades. Malgré son amour pour les gros livres,! le jeune Pasteur fut au collège ce qu’y sont $ la plupart des écoliers; il lui arriva plus j d’une fois de faire l’école buissonnière : il allait volontiers à la pêche; il allait, comme on dit là-bas, « voir les bêtes aux champs » et entendre les alouettes s’élançant au ciel pour mieux chanter les louanges du bon Dieu. Le soir, tout en travaillant à son dur métier, le père de Pasteur se faisait le répé¬ titeur de l’enfant. Ce n’était pas toujours une sinécure : il y avait bien, là aussi, comme en d’autres logis, des pleurs et des bâillements : la version était trop longue; \ le thème trop difficile et les lourds diction¬ naires pas toujours des amis; au lieu de les caresser comme au premier jour, le bambin s’asseyait dessus, fourrageait sa chevelure, de ses deux poings frottait ses yeux gros de sommeil, et le devoir « broché » valait le lendemain à son auteur quelque juste pensùm. Souvent aussi, quand le père ; était plus absorbé par le travail, quand la