Volume 8

Traité de médecine ... / Charcot, Bouchard, Brissaud.

Date:: 1898-1905

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Credit: Traité de médecine ... / Charcot, Bouchard, Brissaud. Source: Wellcome Collection.

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son revêtement épithélial, prend un aspect trouble, dépoli, que l'on a pu com- parer à du velours. Cette phase est de très courte durée et, presque en même temps, se montre l'exsudat fibrineux. Celui-ci se dispose d'abord en couche mince, adhérente à la surface de la séreuse, et présentant l'aspect d'un réseau à petites mailles, semi-transparent, gélatiniforme, et de couleur gris jaunâtre. On le détache aisément sous forme de lambeaux d'étendue variable. A mesure que de nou- velles couches se forment, l'exsudat s'épaissit, prend une disposition stratifiée, et un aspect opaque. Les exsudats anciens deviennent résistants et leur surface est lisse ; mais lorsqu'ils sont relativement récents, ils offrent une disposition toute spéciale à la péricardite. Sous l'influence des mouvements du cœur la surface libre de l'exsudat prend, en effet, sur les deux feuillets du péricarde, un aspect villeux, tomen- teux, mamelonné, dû à des saillies de formes et de dimensions très variables. Ce ne sont pas des papilles ainsi qu'on pourrait le croire dans quelques cas ; Cornil et Ranvier (*) font remarquer, en effet, que le tissu conjonctif et les vaisseaux de la séreuse n'y prennent aucune part, comme le montre la surface lisse de la pseudo-membrane en contact avec le péricarde : il suffit d'en déta- cher un lambeau pour s'en convaincre. Cet aspect de l'exsudat, dès longtemps observé, a inspiré aux anciens auteurs des comparaisons variées, aujourd'hui classiques : deux tartines de beurre accolées puis séparées brusquement (Laënnec); la langue d'un chat; le second estomac des ruminants; un gâteau de miel; une pomme de pin; etc. C'est encore cette enveloppe hérissée du cœur qui lui a fait appliquer, en pareil cas, les dénominations de cor hirsutum, villosum, tomentosum, que justifient parfois les sortes de prolongements villeux ou polypiformes de la coque fibrineuse qui le recouvre. La constitution de cet exsudât a été magistralement décrite par Cornil et Ranvier : nous suivrons pas à pas la description qu'ils en donnent. La fibrine qui le compose se forme aux dépens de la matière fibrinogène de l'exsudation, d'abord liquide, sous l'action spéciale des cellules épithéliales modifiées par l'inflammation. Cette fibrine, dans l'exsudat encore mince, se dispose, ainsi qu'on le voit sur des préparations histologiques, en un élégant réseau composé de travées rayonnant d'un point central, s'amincissant et se divisant à la périphérie : ces rayons sont unis entre eux par de plus minces travées. Cette disposition devient méconnaissable lorsque l'exsudat est ancien ou épais : on retrouve alors, sur les bords des lambeaux, des lames déchirées ou des fibrilles. Au milieu de ces lames et fibrilles, on voit des cellules de forme et de dimensions très variables : les unes sont semblables aux globules blancs du sang, la plupart contiennent de gros noyaux ovalaires avec un ou plusieurs nucléoles brillants et volumineux; ces cellules sont, ou aplaties comme les cellules épithéliales des séreuses, ou munies de prolongements, ou multinu- cléaires, analogues aux myéloplaxes (cellules géantes). Cornil et Ranvier, ainsi que E.Wagner, ont rencontré ces cellules géantes, en dehors de la tuberculose, dans toutes les inflammations des séreuses. Sur une coupe perpendiculaire comprenant la séreuse doublée de l'exsudat fibrineux, on voit que la séreuse est recouverte par une couche de fibrine (') Cornil et Ranvier. Manuel d'histologie pathologique, 1884.