Hérédité similaire dans un cas de maladie de Basedow : disparition du goître par des injections de teinture d'iode / par M. le dr Thyssen.

  • Thyssen, Dr.
Date:
[1889]
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Credit: Hérédité similaire dans un cas de maladie de Basedow : disparition du goître par des injections de teinture d'iode / par M. le dr Thyssen. Source: Wellcome Collection.

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    de maladie de Basedow compliquée, identique à la des- cription donnée par MM. Charcot et Marie. (Nous sommes désolés de n’avoir pu prendre le tracé du tremblement présenté par nos malades). 3° Des diarrhées et des vo- missements périodiques. Mrao Z... mange avec bon appétit, entre les accès de vomissements. 4° Du xan- thélasma\ pas d’exophtalmie. Nous faisons ressortir ici le caractère mobile de notre malade qui, amoureuse du changement, quitta Paris pour habiter Versailles, abandonna Versailles pour les montagnes du Tyrol et de l’Italie, étalla enfin s’installer au bord de la mer, toujours accompagnée de sa fille, dont voici du reste l’observation. Etat actuel. Madame N nous consulta pour la première fois cette année. Son état de santé nous inspira d’autant plus d’intérêt que nous connaissions personnellement sa mère et son histoire pathologique. Etant enfant, Madame X avait eu la coqueluche et la rougeole ; elle fut réglée à 14 ans et déclare avoir été toujours nerveuse et avoir toujours souffert de palpitations. Mariée à l’âge de 17 ans, elle fit à 19 ans une fausse couche, suivie de deux autres aux environs de quatre mois ; en même temps, fleurs blanches persistantes, et dont elle ne parvint à se débarrasser que grâce à un traitement régulièrement suivi. Mariage malheureux, si malheureux même par la faute d’un mari buveur, que depuis dix ans la malade mène l’existence d’une femme divorcée. Usant de tous les artifices, Madame X tâchait de dissi- muler un goitre qui la gênait et l’empêchait d’allerjlans le monde; elle ne se doutait pas de sa véritable maladie. Ce fut plutôt pour une indisposition passagère qu’elle vint nous con- sulter que pour la maladie de Basedow dont elle était atteinte et qu’elle ignorait. Cette maladie pourtant fut facile à découvrir par l’ensemble des symptômes présentés : 1° Un goitre ; 2° un tremblement des mains et des pieds, de temps en temps plus marqué; 3°de la tachycardie et de Yinsomnie; 4°une exopthal- mie peu considérable, plus accusée cependant que chez la mère. En somme, avec un peu plus de saillie des globes des yeux, la fille présentait à peu près le tableau complet des symptômes observés chez sa mère. Nous n’avons pu constater l’arythmie du cœur signalée par M. Ger- main Sée, l’œdème des membres inférieurs dont s’est occupé M. Debove (1), l’angine de poitrine mise en évi- dence par Trousseau. Les diarrhées, les vomissements et la boulimie manquaient de même. La respiration n’était pas augmentée mais une toux sèche, sans aucune expectoration, survenant indistinctement à toute heure du jour ou de la nuit, se dérobant à tout examen, de la plèvre, du poumon ou des bronches, et incommo- dant fort la malade, répondait exactement à la description donnée par M. Marie. Il n’y avait ni sueurs, ni manifes- tations cutanées, ni accidents convulsifs ou paralytiques analogues à ceux signalés par M. Ballet (2). A 26 ans, la malade vit disparaître une épistaxis périodique, rem- placée par des attaques de goutte qui, chaque fois qu’elles se produisirent, obligèrent la malade à garder le repos absolu pendant des jours. L’aspect général ne paraissait pas mauvais ; il n’existait aucun grand trouble viscéral autres que ceux que nous avons signalés. Loin d’être mobile dans ses idées et ses déterminations, comme l’était sa mère, notre malade était beaucoup plus ordonnée que cette dernière qu’elle soignait avec beau- coup de dévouement et d’affection. A l’entendre, elle souffrait plus moralement que physiquement. Son grand ennui était que son goitre fut visible et l’obligeât à une foule d’artifices de toilette pour dissimuler une infirmité qui tendait à la forcer à (1) Société médicale des hôpitaux, juin 1888. (2) Revue de médecine, 1883, III, p. 284. vivre hors de la société. Nous désirons insister parti- culièrement sur la cause d’énervement et d’impatience constituée par cette tumeur dont le volume allait gran- dissant. L’idée de ce goitre devenait une véritable obsession. Désirant au prix de n’importe quel sacrifice se voir débarrassée d’une infirmité aussi désagréable, la malade nous autorisa à faire des injections iodées dans l’intérieur de la tumeur, guidé que nous étions par les indications de M. Terrillon (1) et de M. Duguet (2), in- dications formulées pour le traitement du goitre, indé- pendant de la maladie de Basedow. Le goitre, précédemment traité sans aucun succès par les ioelures à l’inttoâur, avait, quand nous fûmes chargés de soigner la malaoPpe volume d’une grosse mandarine ; il s’agissait d’un goitre parenchymateux pseudo-fluctuant et plus considérable du côté gauche que du côté droit. Dans l’espace de deux mois, nous injectâmes 22 fois de la teinture d’iode pure, formulée dans le Codex et fraîchement préparée, ayant toujours soin de ne rien oublier des préceptes antiseptiques. Commençant par la moitié du contenu de la seringue de Pravaz injectée sur les deux côtés, nous augmentions bientôt jusqu’aux trois quarts de cette même seringue pour finir par l’in- jection de presque tout le contenu sur deux points diffé- rents de la tumeur, soit un gramme à peu près dans chacun des lobes. A peine l’opération terminée, une douleur se fit sentir au niveau de l’oreille et de la nuque, douleur assez légère, qui ne disparut qu’au bout de deux jours ; la per- sistance de cette douleur' s’explique facilement par le névrosisme exagéré de cette catégorie de malades. Pendant trois semaines l’état demeura stationnaire ; cet enraiement du mal commença à donner confiance à la malade. Au bout d’un mois de traitement, la malade commença à boutonner sans peine le col de ses corsages, en même temps que des mensurations exactes nous ren- seignaient sur la diminution progressive de la tumeur. Au moment des époques menstruelles, nous notions une légère augmentation de volume du goitre, mais jamais un retour au volume primitif. Au bout de 22 injections, Madame X dût quitter Paris ; pendant sept semaines, le traitement fut forcé- ment interrompu. Le volume de la tumeur,cependant, ne cessa pas de décroître, puisque, quand la malade revint nous voir, le goitre n’avait plus que les dimensions d’une noix et déformait peu le cou. Est-ce la disparition de la tumeur, est-ce satisfaction de se voir débarrassée d’une affection aussi affreuse, la vérité est que l’état général s’améliora rapidement ; le névrosisme diminua, l’in- somnie et la tachycardie furent moins accusées, et la malade quitta Paris dans un état de mieux indubitable. D’après les dernières nouvelles reçues de Madame X le goitre a aujourd’hui complètement disparu. Nous avons voulu faire ressortir ici l’hérédité similaire de l’affection, les ressemblances étiologiques chez la mère et chez la fille. L’extrême rareté d’une filiation aussi directe nous fait insister sur l’importance de notre observation ; rappelons un cas semblable de Cheadl (tante et trois nièces atteintes de maladie de Basedow). La cause émotionnelle de la maladie ne fait pas défaut , ici; ajoutons à ce facteur étiologique une affection uté- rine, se traduisant par des fausses couches répétées e par un écoulement leucorrheique habituel. Résumons- : nous en disant que nous trouvons réunies chez notre (ij Traitement des goitres parenchymateux, 1887. (2) Steinheil 1886, — Goitre et médication iodée interstitielle.