Du passé, du présent et de l'avenir de la pharmacie / par Charles Le Perdriel.

  • Le Perdriel, Charles.
Date:
1862
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Credit: Du passé, du présent et de l'avenir de la pharmacie / par Charles Le Perdriel. Source: Wellcome Collection.

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    pour ainsi dire dans leur œuvre et en poursuivaient la réalisation, y consacrant leur existence entière, leur tranquillité, leur fortune. « L’opérateur qu’une mort prématurée enlevait à ses travaux lais- » sait souvent en héritage à son fils une expérience commencée, et « il n’était pas rare de voir celui-ci léguer dans son testament les 3) secrets de l’expérience inachevée dont il avait hérité de son 33 père 1. 35 Il y a dans cette conduite quelque chose de profondément vrai. Le temps! C’est là un des grands secrets de la nature, et c’est ce que les alchimistes n’ignoraient pas; aussi, empruntant tout leur langage à ses admirables manifestations, cherchaient-ils à imiter ses moyens et à saisir ses voies de longue élaboration. Bien des produits, en effet, que le chimiste est incapable d’ob¬ tenir dans son laboratoire, sont engendrés avec profusion par la nature à la faveur d’agents ordinaires dont l’action se prolonge pendant des siècles. Si dans leurs expérimentations les alchimistes étaient partis de meilleures données, ils seraient incontestablement arrivés à des résultats merveilleux, auxquels ne parviendront peut-être jamais les chimistes de notre époque, trop avides de jouir du présent. Patients et laborieux alchimistes, si souvent traités de fous, quel large sillon vous avez tracé ! N’est-ce pas à vous que nous devons l’eau-forte dont vous connaissiez l’action sur les métaux? Vous avez trouvé l’alcool, la potasse caustique, la purification de l’or et de l’argent par la coupellation, le sublimé corrosif, le sulfure d’anti¬ moine, les acides sulfurique et chlorhydrique, le cinabre, le pré¬ cipité rouge, le minium, le bismuth, le zinc, le phosphore, l’am¬ moniaque, l’éther, la porcelaine, la poudre à canon; et grande est la gloire que vous avez à revendiquer dans notre siècle. Reconnaissons, en résumant tous nos aperçus, que si le but de l’alchimie n’a pas été atteint, cet art reposait sur des faits réels précurseurs de nos grandes découvertes. Le savant Balard disait, il y a peu de temps, à l’Institut : « Il est des esprits qui ne de¬ mandent jamais à une découverte si elle est lîlile, mais si elle est belle ; il en est d'autres au contraire qui, s'inspirant de ! amour exclusif de rutile, taxent volontiers toutes les grandes inventions restées jusqu'à ce jour sans application comme de brillantes fu¬ tilités. Ce sont de nobles erreurs que le temps se chargera de détruire. 35 En effet, combien d’années n’ont pas séparé la pre¬ mière expérience de Scheele sur la coloration du chlorure d’argent 1 Hœfer, Histoire cle la chimie, ( Ier.