Mandement [concerning the plague at Marseilles] / [Henri François Xavier de Belsunce de Castelmorón].

  • Belsunce de Castelmoron, Henri-François-Xavier de, 1671-1755
Date:
[1720]
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Credit: Mandement [concerning the plague at Marseilles] / [Henri François Xavier de Belsunce de Castelmorón]. Source: Wellcome Collection.

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    2> jdsy fi remplres de.hardes& de meubles peftiferez jettczpar les fenetres, que nous ne fpvions ou mectre les pieds, Touces les places publiques, routes lesportesdes Eglifes. travel fees de cadavres entaftez , & cn plufieurs endroics mangez par les chieos , fans qu’iifuc,poflihle , pendanx im nombre creyconfiderable de jours, de leur procurer la fe'pulture. Nous avons vu dans le meme temps une infinite' de malades devenusun objec d’horreur& d’cffroi pour les perfonnes memes a qui la nature dcvoic infpirer pour eux, les fentimens les plus tendres & les plus refpe6lueux, abandonnez de cout ce qu’ils avoienc de plus proche, jercez inhumainemenc hors de leurs propres maifons > places, fans aucun fcCours dans les rues parmi les mores, done la vue & la ptianceur e'toienc in* tolerables. Combicn de fois dans nocre tres amere douleur avons-nous vu ces mori- bonds tendre vers nous leurs mains crembiames pour nous temoigner leur joye de nous revoir encore une fois avant que de niourir, & nous demander enfuice avec lar*> . mes,& dans tous les fentimens que la foi, la penitence , la refignacionlaplus parfaice peuvent infpirer, notre Benedidiion & l’abfblucioii de leurs pechez? Combicn de fois aiifli ft’avons-nous pas eu le fenfible regret d’en voir expirer quafi fbus nos yeux faute de (cC6lirs ? I^otts avons vuieS maris trainer eux-memes hors de leurs maifons & dans les rues les corps de leurs femmes, les femmes ceux de leurs maris, les peres ceux de leurs ehftns, & les enfans ceux.de leiirs peres, te'moignanc bien plus d’horreur pour^ eux,que de regret de les avoir perdus. Nous avons vu les corps de quelques riches du ficcie, enveiopez d’un fimple drap, melez & confondus avec.ceux des plus pauvres &,des plus me'prifables en apparence, jettez comme cux dans de vils& infames tom- bereaux, & trainez avec euxfans diftinCtion a une fepulture prophane horsde l’enceinte de nos murs; Dieu I’ordonnant aiufi pour faire connoure aux hommes la vanice' & le neant des richefies de la terre , & des honneurs apres ldquels ils courent avec fi pen s de retenue. Nous avons vu, (& nous devons le regarder comme la plus fenfible mar¬ que de la punition de Dieu ) nous avons vu des Precres du Tres-haut de route forte d’ecacs, frappez de cerreur, chercher leur furcce' dans une honteufe fuite; & un nom«- bre prodigieux tie faints , de fiddles & infacigablcs Miniftres du Seigneur, etre enlevcz^£ du milieu de nous, dans le temps que leur zele & leur charite' heroique paroifsoienc etre le plus.necsfsaiccs pour le fecours & la confolacion du Pafteur, & pour le falue > du Troupeau confternc. Marfeille cette * Vi lie fi florifsante, fi fuperbe, fi peuplee il y? a pen de mois, cette Ville fi cherie, dont vous aimicz.a faire remarquer & admirer auxEtrangers les differences beautez,donc vousvanciez fi fouvent & avec cant de com- platfance,la magnificence comme la fing *larice du cerroir; cette Ville, dont le com¬ merce se'tendoic d’un bout de I’Uuivers a faucre , ou touces les Nations, meme les » plus barbares & les plus reculees, venoienc aborder chaque jour ; Marfeille eft tout if coup abattue , denue'e de tout fecours , abandonnee de la plufparc de fes propres Ci- toyens, qui auroient pu & qui auroient du , a lexemple de leurs peres, fecourirleur*, patrte , & (bulager la mifere des Pauvres dans une fi prefsante neceflite ; cette Ville enfin dans les rues de hquelle on avoit il y a pen de temps, de la peine a pafser par faffluance extraordinaire du peuple qu’elle contenoit, eft aujourd’hui livre'e a la foli- tude, au filcnce, a Tindigence, a la deTolation , a la mort : toucc la France , route TEurope eft en garde & eft armee contfe fes inforcunez Habicans, devenus odieux . au reftc des mortcls, & avec.lefqucls on ne craint rien cant aprefent que d’avoirquel- que forte de commerce. Quel etrange changement!& le Seigneur fit il jamaiseclateru £a vengeance d’une maniere plus terrible & plus marquee tout a la fois ? N’en dou- rons pas , mes tres -chers Freres ; c^ft par ie de'bordcmenr de nos crimes que nous avons merite cette cfKjfion des vafes dfe la colere & de la fureur de Dieu. L*impiece, Pirreligion , la mauvaife foi, l’ufure, rmipuretd , le luxe monftrueux fe mukiplioient parmi vous; la faintc Loi du Scigncut n’y ecoic plus connue j la faintete des Diman^