L'Hostel-Dieu de Beaune / [Yvonne Henri Monceau].

  • Monceau, Yvonne.
Date:
[1927]
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Credit: L'Hostel-Dieu de Beaune / [Yvonne Henri Monceau]. Source: Wellcome Collection.

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    cents ans on presque, qui ont réalisé ce chef-d’œuvre. Semblables aux bâtis¬ seurs de cathédrales, ils ont travaillé avec leur âme et c’est ainsi qu’ils ont fait de la beauté. Vraiment dans cette cour d’honneur, comme tout à l’heure dans les salles, on se sent transporté plusieurs siècles en arrière. Ce que nous avons sous les yeux, ce sont les mêmes choses que les yeux de Nicolas et de Guigone ont vues. Ces sœurs que je vois passer alertes, gaies et silen¬ cieuses cependant, il y a plus de quatre siècles qu’elles sont là ; et je ne serais pas étonnée si je voyais venir vers moi Guigone elle-même. C’est que je ressens ici ce que Taine appelle si bien «la sensation historique », sensation décuplée encore si possible, en parcourant les salles de l’Hôtel- Dieu. Je ne connais rien de plus beau que « la grand’chambre » : immense pièce de 72 mètres de long sur 14 de large aux tirants sculptés et poly- chromés admirables. De chaque côté de cette salle sont alignés les lits entourés de courtine. Près de chacun d’eux la même petite table de chevet, les mêmes objets de cuivre et d etain. Etains si précieux qu’ils ne sortent pas de l’hôpital et qu’ils sont refondus périodiquement dans les mêmes moules dont ils sortirent pour la première fois au xv« siècle. C’est à la suite de la grand’chambre et faisant corps avec elle, que se trouve la chapelle, et c’est là un ensemble unique et merveilleux, digne du « Jugement Dernier » qui formait autrefois le rétable au-dessus du maître autel. De leur lit les malades peuvent ainsi suivre les offices religieux. Là tout ce qui m’entoure n’est qu’harmonie et d’une telle beauté que l’on en éprouve une véritable ivresse. 11 me semble impossible d’en déta¬ cher jamais la pensée et les yeux. Les autres chambres sont moins grandes, mais toutes sont belles. Vous parlerai-je de la pharmacie : étains, faïences, boiseries, tout n’est que beauté. De la salle du conseil, au premier étage, où les portraits de « nos ducs comme disent les hospitalières, assistent depuis tant de siècles à la