Différens moyens d'empêcher de se corrompre les oiseaux morts qu'on veut envoyer dans des pays éloignez, & de les y faire arriver bien conditionnez : Quelques-uns de ces mêmes moyens peuvent être aussi employez pour conserver des quadrupèdes, des poissons, des reptiles & des insectes.

  • Réaumur, René-Antoine Ferchault de, 1683-1757.
Date:
[1747]
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Credit: Différens moyens d'empêcher de se corrompre les oiseaux morts qu'on veut envoyer dans des pays éloignez, & de les y faire arriver bien conditionnez : Quelques-uns de ces mêmes moyens peuvent être aussi employez pour conserver des quadrupèdes, des poissons, des reptiles & des insectes. Source: Wellcome Collection.

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    plumes <Σ tomber : tous les aromates y peuvent être employez avec fuccès : s’H y en a quelques-uns a très-grand marche dans Je pays, on s’en lervira. On peut 4^ meme employer une poudre compofée d’autant de lortes d aromates qu on le voudra j li en réfultera au moins que l’Oifeau après être defieché, en aura une meilleure odeur, qu il lera une calîolette. Mais au lieu d’employer des gommes réfineules, comme laloes, la myrrhe, l’encens & d’autres produèlions des plantes, comme la cannelle, legérode, le poivre, le gingembre, &c. qui font des matières chères , on peut s’en tenir à un lei qui ell à bon marché dans la plupart des pays -, il fuffit de remplir la cavité du corps & ù col d’alun réduit en poudre. Une matière encore plus aiiée à avoir en tous lieux, qui y eft à vil prix, & qui opère tres- efficacement, c’efl la chaux. Si on peut en avoir de tres-vive, on la prendra par préférence, & on n’héfitera pas à s’en fervir quoiqu’elle foit vieille, & qu’elle ait été un peu éteinte par l’humidité de l’air. 3° Après que le corps & le col de i Oifeau juront été remplis, foit de chaux pulvérifée, fojtd aiun, foit de quelqu’autre poudre, on le placera dans la boîte ou dans le i^rril qui doit fervir à le tranfporter. On aura foin, en 1 y pla¬ çant, de faire prendre au col une pofition naturelle, Si de même de ne donner aux jambes que l’inflexion qu elles ont lorfque î’Oifeau vivant efl polé defliis. Le fond de la boite ou du ton¬ neau aura une couche épaiffe d’un pouce ou environ ( le plus ne fçauroit nuire) de la même poudre qui occupe la cavité du corps, ou d’une de celles qui l'ont propres à la remplir. On enterrera l’Oifeau dans cette poudre, on en mettra allez autour Si au deflus de lui pour qu’il loit caché fous une couche épaifle d’un pouce ou plus. La poudre extérieure avancera le delTéche- ment. Si pourra arrêter les infeéles voraces qui ne tenteront pas volontiers de pafler au travers pour arriver jufqu’à la chair qu’ils aiment. Dans les premiers jours, & même dans les pre¬ mières femaines, l’Oifeau pourra répandre une mauvaife odeur, qu’on n’en foit point inquiet, elle diminuera à mefure que le delTéchement avancera: celui-ci le lera làns qu’il arrive à rOifeau de perdre aucune de fes plumes, & quand il efl une fois delTéché, elles font fermement aflujéties fur lui pour toujours. Cette manière de conferver des Oifeaiix, qui efl très-limple, en a procuré à M. de Reaumur de ceux de pays fort éloignez, qui font arrivez tels qu’il les fouhaitoit. Quatrième Manière* La quatrième manière de mettre des Oifeaux en état de faire de longues routes fans fe corrompre, en efl; une de les deffécher plus promptement que celle qui vient d’être expliquée, c’efl de les deflecher au moyen de la chalerir du four. On profite de celle qui lui relie après que le pain en a été tiré ; fouvent elle efl encore trop grande alors ; mais il y a un moyen fimple de s’alfurer que le degré de chaleur n’efl pas trop fort, c’efl; de mettre des plumes dans le four, & de les en retirer au bout de 5 à 6 minutes ; fi l’on voit qu’elles ne font ni grillées ni rouflies, il n’y a rien à craindre pour celles de l’Oileau qu’on veut faire entrer dans le four. Les petits n’ont beloin que d’y relier une heure ou deux pour être alTez deflechez ; ceux de grandeur moyenne demandent à y être tenus plus long-temps; Si ceux qui font gros & très-charnus, veulent y être mis à plufieurs repriles. Lorfqu’ils font refroidis on connoît s’ils font allez delTéchcz, en preflant avec le doigt les chairs de la cuifle & celles de la poitrine; fi elles ne cèdent pas, ou fi elles cèdent peu lous le doigt, rOifeau n’a plus beloin d’être remis au lour. L’inconvénient qu’il y a à l’y tenir au delà du temps nécelfaire, efl qu’on rend certaines parties, comme le col Si le croupion, trop calîantes. On empêchera que le volume de l’Oileau ne diminue lenfi- blement dan^ le four, li, avant que de l’y faire entrer, on remplit ia cavité de Ion corps & celle de fon col de quelque matière molle pareille à une de celles dont on a dit qu’on devoir laire ufage pour remplir les cavités de ceux qu’on veut con- lerver par le moyen ae l’efprit de vin, c’ell-à-dire, de bourre, filafle, coton. Sic. Ce que la façon de delTécher au four a de plus difficile, n’efl pas de faifir le degré de chaleur convenable, ét de connoître la durée du temps pendant lequel on doit faire refler fOifeau au four ; il le paroîtra davantage d’avoir, comme l’exige cette manière de deflecher, à affujétir l’Oifeau dans une attitude naturelle, avant que de le faire entrer dans le four : le delTéchement le fixera pour toûjours dans celle qu’on lui aura donnée. II y a plufieurs moyens fimples en eux-mêmes, de mettre & de retenir i’Oifeau dans une attitude naturelle, qui cependant feroient très-longs à expliquer en détail : le peq que nous en dirons, fufllra aux perfonnes induftrieufes qui 013 voudront faire ufage. On peut affujétir l’Oifeau au raoyer^ d’im petit métier fait à peu près comme le travail d’un ma¬ réchal ; il efl compofé d’une petite planche qui en efl la bafe, & dont la longueur n’a pas befoin d’être plus grande que cellç de rOifeau. Près de chaque coin de cette planche s’élève un montant de bois ; les quatre montans font entretenus par dçs traverfes qui y font attachées par de petits clous. L’ufage des montans Si des traverfes efl de fervir à arrêter de petits rubans & des fils qui maintiennent le corps, les aîJes & le col de l’OL lëau dans les pofitions qu’on leur a fait prendre. Un fil qu’on a fait palTer au moyen d’une aiguille au travers de ia tête de l’Oi¬ feau , rend maître de la placer auflî haut ou auffi bas qu’on veut» Il y a divers moyens de fixer les pattes fur la planche, ayant leurs doigts écartez ; on le peut faire avec de petites pointes clous. Avec un feul fil de fer & une petite planche, on peut faire tout ce qu’on fait avec le métier : on pafîe ce fil de fer tout du long du corps & du col de l’Oifeau en l’introduifant pa^ i’anus ; mais avant que de l’introduire, on lui fait une efpèce de gros nœud en le contournant; ce nœud doit toucher l’anus, il lert dans la fuite à empêcher i’Oifeau de glifîèr ; tout près du nœud on recourbe perpendiculairement la portion du fil qui efl hors du corps, elle doit avoir au moins une longueur égale à la hauteur qu’auront les jambes : on rend enfuite Ton bout pointu en le liitiant, fi on ne l’a pas déjà fait, Si on pique ce bout dans la planche. La partie du fil de fer qui efl en dehors du corps, fait alors la fonétion d’un montant qui porte l’Oifeau, parce qu’elle efl continue avec le refle du fil qui paffe par Iç corps Si par le col : le fil de fer qui enfile ce dernier, le retient dans la courbure & la direélion qu’on lui fait prendre. Les Oilêaux deffécbez doivent être envoyez dans des boîtes ou dans des barrils affez clos pour que les infeéles ne puiflènt pas s’y introduire pendant la route ; Si on aura foin de remplir tous les vuides qu’ils iaiflênt dans le barri! avec quelqu’une des matières molles que nous avons déjà indiquées pour un fem- blable ulage. 11 peut lé pafler bien des femaines, Si même bien des mois entre le temps oîi on a fait delTécher les premiers Oifeaux dont on fe propofe de compofer un envoi. Si celui où on peut les faire partir. C’efl; un intervalle dangereux. Certains vers Si certains fearabés font plus friands de ceux qui ont été delTéchez au four , que de ceux qui l’ont été de toute autre manière ; fi les accès leur font libres, ils profitent quelquefois des premiers momens pour s’aüer établir fous leurs plumes,ou dans leur corps, où ils le multiplient. On mettra les Oifeaux à l’abri des dents redoutables de ces infeéles, fi, dès qu’ils ont été tirez du four, on les enterre dans le fable contenu dans une grande boîte ou un tonneau. Il faut prendre garde en les cou¬ vrant de labié, de ne leur point faire prendre de mauvaifes atti¬ tudes, Si de ne pas chiffonner leurs plumes. De la chaux éteinte & en poudre, de la craie Si toute poudre terreufe, fine & fèche peut être employée avec JUeeès pour la même fin, On preflera