L'évolution de la mémoire / Henri Piéron.

  • Piéron, Henri, 1881-1964.
Date:
1910
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Credit: L'évolution de la mémoire / Henri Piéron. Source: Wellcome Collection.

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    être déterminé par les circonstances présentes, et l’adaptation est possible. On ne peut certes pas dire que les civilisations d’aujourd’hui se soient libérées ! du passé qui les a faites, mais c’est le passé même qui tend à les libérer. Et cependant il reste le danger de la préoccupation volontaire des choses d’autrefois, et l’histoire, cette forme récapitulatrice de la mémoire sociale, peut susciter parfois de légitimes inquiétudes; même lors- qu’on est soustrait, ce qui n’est pas constamment le j cas, au prestige autoritaire de ce qui a derrière soi 1 toute l’ancienneté d’une longue existence, il n’est pas I bon de regarder toujours en arrière, et de s’absorber, j de s’hypnotiser dans la contemplation de la route | parcourue. Heureux, en un sens, les peuples qui n’ont pas i d’histoire et ne peuvent regarder que dans le présent et dans l’avenir. Tout leur effort est fécond, et l’en- volée grandiose, à l’heure actuelle, de la science et de l’industrie américaines, tient en grande partie à ] l’absence de tout héritage déprimant. La prédominance en France des études historiques 1 paraît bien constituer en revanche une des principales \ causes de notre décadence relative ; c’est par la science \ que se fait le progrès social, et il est stérilisant de l s’adonner à la connaissance bien souvent vaine du i passé; à trop voir ce qui s’est fait, on oublie de rien s faire, et la Grèce, qui vit de souvenirs, se croit encore ■ aujourd’hui un grand peuple. § 3. — LES SUBSTITUTS SOCIAUX DE LA MÉMOIRE INDIVIDUELLE. L'ÉCRITURE ET L'IMPRIMERIE. La mémoire présente donc les mêmes dangers pour les sociétés que pour les individus, mais elle n’en est pas moins nécessaire, et, comme, encore une fois, la richesse des souvenirs est le plus grand obs- •