Propriétés et fonctions de la moelle épinière : rapport sur quelques expériences de M. Brown-Séquard, lu à la Société de biologie le 21 juillet 1855 / par Paul Broca.

  • Broca, Paul, 1824-1880.
Date:
1855
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Credit: Propriétés et fonctions de la moelle épinière : rapport sur quelques expériences de M. Brown-Séquard, lu à la Société de biologie le 21 juillet 1855 / par Paul Broca. Source: Wellcome Collection.

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    ment le reste de la moelle; mais le scalpel fait an léger écart et blesse l'un des cordons antérieurs. Que va-t-il arriver? Les cordons postérieurs ou sensilifs sont conservés, et la sensibilité sera sans doute conservée aussi ; la seule motilité sera compro- mise, puisque l'un des faisceaux moteurs est lésé. Voilà ce que la théorie nous annonce. Mais quelle déception ! C'est, au con- traire, la sensibilité qui disparaît, tandis que la motilité per- siste. Ce fait à lui seul serait capable de renverser la doctrine de Charles Bell. Ajoutez-y que la section isolée et complète des cordons postérieurs ne fait disparaître ni la sensibilité, ni le mouvement (Expér. II), et que ces deux fonctions sont abolies lorsqu'on coupe la substance grise en travers (Expér. III et IV); ajoutez-y encore que l'intégrité des cordons antéro- latéraux n'empêche pas la perte de la motilité (Expér. III), et que l'intégrité des cordons postérieurs n'empêche pas la perte du sentiment (Expér. IV); ajoutez-y surtout ce phénomène étrange, imprévu, inexplicable peut-être, que la section des fibres postérieures de la moelle, loin d'anéantir l'innervation dans les parties où ces fibres paraissent se distribuer, y déve- loppe, au contraire, une sensibilité exagérée (Expér. II). Puis cherchez dans l'histoire de la physiologie, passez en revue toutes les hypothèses qui ont tour à tour fleuri dans la science, lisez, interrogez tous les auteurs et tous les expérimentateurs, depuis Galien jusqu'à Mistichelli, depuis Prochaska jusqu'à Charles Bell, depuis M. Magendie jusqu'à M. Longet, et vous verrez qu'aucune doctrine, aucun système connu ne peut vivre à côté des expériences de M. Brown-Séquard, et qu'il faut se résigner à faire table rase de tout ce qui a été dit jusqu'ici sur la physiologie delà moelle. Nous pourrions à la rigueur en rester là, mais vous désirez, sans doute, connaître les résultats des autres expériences que notre collègue a exécutées devant nous; je vais donc vous en présenter h; résumé, en vous prévenant d'avance qu'elles ont toutes consisté, comme l'expérience II, dans la section iso- lée des cordons postérieurs; que dans tous les cas la dénuda- tion de la moelle a laissé persister toutes les fonctions de cet organe; que plusieurs fois la dure-mère nous a donné des signes non équivoques de sensibilité ; que constamment la section des cordons postérieurs a été douloureuse, qu'elle a été suivie immédiatement d'une hypércslhésie des membres abdomi- naux, et que constamment aussi le segment caudal de la