Du rhumatisme aigu et de ses diverses manifestations chez les enfants / par le Dr Constant Picot.

  • Picot, Constant.
Date:
1873
    Nous avons recueilli dans ce but quarante-sept ob- servations inédites, les unes ont été prises par nous dans le service de M. Labric, nous devons les autres à l’obligeance de nos collègues de l’hôpital des Enfants et de l’hôpital Sainte-Eugénie ; nous avons, en outre, trouvé un grand nombre de faits et de documents, dans les journaux, dans les thèses de la Faculté de médecine et dans divers ouvrages français et étran- gers ; nous nous proposons d’exposer, dans ces pages, le résultat de nos observations et de nos recherches^ Nous n’avons pas la prétention de présenter ici un travail entièrement original ; en réunissant tout ce que nous avons trouvé dans les auteurs, et en le com- parant, quand nous le pouvions, à ce que nous avions vu nous-même, nous nous sommes efforcé de faire une histoire aussi complète que possible du rhuma- tisme aigu dans l’enfance, et nous nous sommes atta- ché particulièrement aux manifestations viscérales de la maladie qui ont été rencontrées chez de jeunes sujets. Bien que ces affections aient déjà été l’objet de diverses publications (et nous ne citerons ici que les travaux de M. Roger, si remplis de faits intéressants et auxquels nous avons largement puisé), cependant nous croyons que ce sujet n’a pas encore été présenté dans son ensemble d’une façon complète ; si ce travail, tout imparfait qu’il soit, peut contribuer en quelque chose à combler cette lacune, nous aurons atteint le but de nos désirs, et c’est la seule originalité à laquelle nous prétendions. Nous ne parlerons ici que de la forme aiguë du rhumatisme ; bien que la forme chronique et particu- lièrement le rhumatisme noueux ne soient pas extrê- mement rares chez les enfants, surtout chez les filles.
    que plusieurs auteurs, en particulier Fuller, Garrod et M. Bouchut, en aient cité des exemples, et qu’un cas s’en soit présenté cette année dans le service de M. Roger, chez un petit garçon de 7 ans , nous croyons que ce sujet donnerait lieu à peu de con- sidérations intéressantes et ne ferait qu’allonger inutilement notre travail. Après quelques mots d’his- torique et de bibliographie, nous aborderons la ques- tion de la fréquence du rhumatisme dans l’enfance, puis nous exposerons la symptomatologie et la marche de cette affection, lorsqu’elle ne s’attaque qu’aux arti- culations; nous passerons ensuite aux nombreuses manifestations extra-articulaires qu’elle peut présen- ter dans le jeune âge; à propos de l’étiologie, nous traiterons la question du rhumatisme dit scarlatineux, et nous terminerons par le diagnostic, le pronostic et le traitement, et par l’exposé de quelques conclusions. Nous n’avons pas cru devoir consacrer de chapitre spécial aux lésions organiques rencontrées chez les enfants morts à la suite d’affections rhumatismales ; l’anatomie pathologique n’a joué jusqu’ici qu’un petit rôle dans l’histoire du rhumatisme, et nous n’aurions que peu de chose à dire sur ce point qui soit spécial à l’enfance, nous nous contenterons de rapporter che-’ min faisant le résultat de quelques autopsies; ce n’est qu a propos des affections nerveuses rhumatismales que nous aborderons la question d’un peu plus près. Nous insérerons dans ce travail un grand nombre des observations inédites dont nous nous sommes servi ; quant aux faits déjà publiés ailleurs, nous ne reproduirons que ceux qui présentent un intérêt tout spécial et quelques-uns de ceux que nous avons trouvés dans des ouvrages étrangers ou peu répandus.
    Nous ne terminerons pas cette introduction sans adresser tous nos remercîments à nos excellents amis et collègues, Rendu, Labadie-Lagrave, Edouard Mar- tin, Ducastel, Cartaz, Ziembicki, Oyon et Blain, ainsi qu’à M. le D’’ Revilliod, de Genève, pour les observa- tions qu’ils ont bien voulu nous communiquer.
    i^CHAPITRE PREMIER. HISTORIQUE ET BIBLIOGRAPHIE. L’historique de notre sujet ne demande pas de grands développements, les auteurs anciens ne pa- raissent pas s’en être occupé, et beaucoup d’écrivains même assez modernes, qui ont écrit sur la pathologie de l’enfance, ont entièrement passé sous silence le rhumatisme, ou l’ont à peine mentionné ; c’est ainsi que nous n’avons rien pu trouver qui s’y rapportât dans le traité des maladies des enfantsd’Underwood, traduit de l’anglais en 1786, ni dans celui de Nils Rosen de Rosenstein, traduit du suédois en 1792; il en est de même des traités de Gardien, de Billard et de celui plus récent de Churchill (1). Berton (2) se con- tente à peu près de signaler le rhumatisme comme très-rare chez les jeunes sujets, Barrier (3) mentionne cette affection comme pouvant se montrer quelquefois dans l’enfance, mais la juge indigne d’un article spé- cial ; MM. Rilliet et Barthez ont été plus complets, et consacrent, dans leur excellent ouvrage, un chapitre .d’une dizaine de pages au rhumatisme (4); West dit quelques mots sur le même sujet à propos des mala- dies du cœur chez les enfants (5); enfin, nous avons trouvé de courts articles sur le rhumatisme dans les (1) Cliurcbill, Diseases of lhe children, 3® édit. London, 1870. (2) Berton, Traité des mal. des enf. Paris, 1837, p. 21 et 341. (3) Barrier, Traité pratique des mal. de l’enfance. Paris. 1860. (4) Rilliet et Barthez, Traité des mal. des enf., Paris, 1861, t II, p 114. (5) West, Lectures on lhe diseases of infancy and Childhood, 5® édit, London, 1865, p. 508. Picot. 2
    traités de pathologie infantile deJMM. BouchuL (t), Ellis (2), Vogel (3), Meigs et Pepper(4)et Joh. Stei- ner (5). Quant aux auteurs qui ont écrit sur le rhumatisme en général, ils se sont peu occupés de l’histoire de cette maladie dans l’enfance; nous avons cependant recueilli quelques observations et quelques documents dans les traités de M. Bouillaud (6) et de Fuller (7). Nous ne connaissons que trois monographies rela- tives à notre sujet, ce sont par ordre de dates, la thèse de M. Glaisse (8),- travail consciencieux fondé sur dix- huit observations prises à l’hôpital des Enfants, puis la thèse de M. Bouquerel (9) qui renferme aussi quelques faits intéressants, enfin un mémoire de M. Roger (10), publié dans les Archives générales de médecine, sous forme d’une série d’articles consacrés à la chorée, au rhumatisme et aux maladies du cœur chez les enfants ; le principal but de l’auteur est d’y montrer, par de nombreuses observations, les rapports qui unissent entre elles ces diverses affections. Citons encore une leçon de Guersant père (11), une autre de M.BouChut (12),et une discussion delaSociété (1) Bouchut, Traité des mal. dèâ enf., 5® édit., t867, p. 944< (2) Ellis, A practical manual of the diseases of childrcn. London, 1869, p. S6. 13) Vogel, Traité des mal. de l'enfance, traduct. franç., 1872, p. 330. '4) Meigsîind Pepper, A pract. Ireat. of the diseases of children, 4® édit., Philadelphia, 1870, p. 891. 6) Joh. Steiner, Compend. der Kinderhrankheiten. Lcipsig, 1872, p. 372. (6) Bouillaud, Du rhumat. artic. Paris, 1840. (7) Fuller, On rheumatism., etc., 3® édit. London, 1870. (8) Glaisse, Du rhumat. articul. aigu chez les enf. Th. Paris, 1864. (9) Bouquerel, quelques réflet. sur cert. formes du rhumat. dans l’enf.,Th. Paris, 1866. ^^10) Roger, Arch. de méd., 1866, 1867 et 1868. (11) Guersant père. Gaz. des hôp., 184 i. (12) Bouchut, Union médicale, 1865.