Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille : depuis qu'elle est affligée de la contagion, tiré du mémorial de la chambre du conseil de l'Hôtel-de-Ville tenu par le sieur Pichatty de Croissainte.

  • Marseille (France)
Date:
[An II [1794]
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Credit: Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille : depuis qu'elle est affligée de la contagion, tiré du mémorial de la chambre du conseil de l'Hôtel-de-Ville tenu par le sieur Pichatty de Croissainte. Source: Wellcome Collection.

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    a jeté toute la chaux vive et l’eau nécessaire , il prend soin de les faire boucher et d’en faire cimenter toutes les fentes et jointures. M. le marquis de Pilles et les autres échevins agissent et courent cependant d’autre côté pour mettre à exécution, toutes les autres choses qui ont été résolues par la délibération. Ils établissent des gens les plus de confiance qu’ils peuvent trou- ver , pour aller à cheval avec des gardes à la tête des Tomberaux et de chaque brigade de forçats 3 mais ils ne durent guère à ce péril- leux métier , et ils sont bientôt contraints eux-mêmes de s’y mettre à leur place. Ils n’ont pas besoin d’aller prier M. l’évêque de faire cesser les offices dans les églises , elles sont déjà toutes généralement fermées 3 il n’y a presque plus de messes aucune part, plus d’administration de sacremens, plus même de sonneries de cloches , tous les ecclé- siastiques ont pris la fuite , et une partie même des curés. Pour de religieux, il ne leur est pas possible d’en trouver pour faire les fonctions de commissaires dans les quartiers qui en sont dépourvus 3 les uns ont déserté , les autres sont déjà morts , et il n’en reste pas autant qu’il en faut pour aller confesser 3 il n’y a que le père Miiay jesuite, qui ne trouvant jamais trop à frire pour remplir ce saint zèle et cette fervente charité dont il a toujours été animé > vient leur offrir de se charger des fonctions de commissaire à la rue de Lescalc et à tous ses environs , département que personne n’a ja- mais osé prendre , parce que c’est le siège le plus enfiamé de la peste, et qui est même comme interdit et barricadé avec des corps de-gardes aux avenues , pour que personne n’y entre n’y n’en sorte 5 ils y éta- blissent ce saint religieux qui, depuis le commencement de la contagion , y a toujours confessé les pestiférés 3 il y fait des actes de piété qui sont plus qu’héroïques 3 mais la peste ne l’épargna pas long-tems, et ravit à la religion ce nouvel apôtre. Ils vont ensuite faire la revue des fosses et des cimetières , spectacle certainement horrible à voir, et dangereux à approcher , tout ce nom- bre infini de cadavres pestiférés qu’on y jette accueilement , y étant encore tous découverts, entassés à milliers les uns sur les autres. Autre fois les gouverneurs et les consuls, pendant tout le tems de îa contagion, demeuraient enfermés dans l’hôtel de ville avec dô très-grandes précautions 3 tous ceux qui ont fait des régimes pour les ' - D