Les intersexualités.

  • Gilbert-Dreyfus, 1902-1989
Date:
1972
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Credit: Les intersexualités. Source: Wellcome Collection.

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    114 LES INTERSEXUALITÉS Insistant sur l'influence déterminante et secrète des sou¬ venirs infantiles les plus reculés, Freud a montré que l'inver¬ sion n'était ni un phénomène inné ni un phénomène fortui¬ tement acquis. Tout jeune garçon éprouve pour sa mère une tendresse œdipienne (fixation maternelle) et pour son père une jalousie teintée d'agressivité, mais située sur le plan de l'ambivalence, car, en même temps aimé et admiré, le père sert aussi cle modèle identificatoire. La libido, d'abord diffuse, va passer par un stade oral, puis un stade anal, avant que se dessine son orientation défi¬ nitive. Ainsi, l'homosexualité résulterait d'un blocage de la libido à une phase transitionnelle de bisexualisme à laquelle nul n'échappe entièrement et pourrait, dans maintes cir¬ constances, être considérée comme une façon de résoudre un conflit entre les pulsions sexuelles et la défense contre ces mêmes pulsions. De tels conflits, imparfaitement liquidés, seront susceptibles d'imposer leur marque indélébile sur le futur comportement génital. Le petit de l'homme ne parvient jamais à se détacher de l'amour que, dès la période néonatale (sinon prénatale), il a porté à sa mère. Il demeurera influencé toute sa vie durant par la manière dont il aura été materné ; et, adulte, c'est toujours sa mère, symbole de l'éternel féminin, que, dans l'objet aimé, il recherchera, ou au contraire fuira. (On trouve là une source fréquente d'impuissance, l'in¬ conscient inhibant toute activité sexuelle en l'assi¬ milant à une souillure incestueuse.) C'est dire l'influence du climat dans lequel s'est déroulée notre enfance (enfant orphelin ou écarté du foyer familial ; enfant unique et adulé ; seul garçon parmi plusieurs sœurs ; appartenance à une famille exclusivement composée de garçons), et sur¬ tout des relations fils-mère, soit que celle-ci, par son autoritarisme, apparaisse comme le personnage fort du couple parental, soit au contraire que, le père demeurant inacessible, l'enfant reste lié à sa mère par un attachement excessif — attachement