Testament médical, philosophique et littéraire. Ouvrage destiné non-seulement aux médecins et aux hommes de lettres, mais encore à toutes les personnes éclairées qui souffrent d'une manière occulte / du Doctuer Dumont.

  • Dumont, Pierre Louis Charles.
Date:
1865
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Credit: Testament médical, philosophique et littéraire. Ouvrage destiné non-seulement aux médecins et aux hommes de lettres, mais encore à toutes les personnes éclairées qui souffrent d'une manière occulte / du Doctuer Dumont. Source: Wellcome Collection.

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    Il en est de même de l'électricité dont se charge l’atmosphère, lorsqu’on est menacé d’orage, effet inaperçu par les personnes qui l’entourent. IV. On devrait néanmoins, avec de nombreux amis et des protecteurs assurés, s’estimer heureux. M. Dumont, si versé dans la littérature, ne saurait oublier que l’antiquité et la haute poésie ont voué à l’immortalité ces exemples si rares de la vraie amitié. Et cependant, il s’applique cette lugubre pensée : Qu'il est (1rs êtres qui démissent depuis leur éclosion jusqu'il leur tombe. La pensée de Montaigne qu’il connaît et qu’il cite, aurait pu lui servir de guide et de tempérant : « Au rebours des autres, dit ce philosophe, je me trouve plus dévot à la bonne qu’à la mauvaise fortune, et je. fais plus volontiers les doux yeux au ciel pour le remercier que pour le requérir. » J’irai plus loin, et je dirai que si l’on avait le courage de calculer les mi- nutes du bien que l’on éprouve et de les comparer avec celles du mal, on serait fort étonné d’apprendre que les premières l’emportent de beaucoup sur les dernières; et notre confrère aurait à remercier la Providence qui, outre un bon nombre de vrais amis, lui a donné cet ange de douceur, d’abné- gation, de dévouement, sa compagne, la femme forte et spirituelle qui a partagé toutes ses peines, toutes ses douleurs, sans jamais élever un seul murmure. Mais loin de chercher les voies de consolation, il touille dans les annales de l'histoire médicale pour y découvrir ce qu’il y a de. plus sombre : Fernel mourut de. douleur d’avoir perdu son épouse; Haller, trappe, du même malheur, composa une élégie qui passe pour une des plus belles inspirations littéraires. Avide de lectures empreintes de tristesse, le Dante ne lui échappe pas. Cependant, et nous parlons en thérapeutiste, ce poêle est celui qui lui convient te moins. Dante, l'idole des Italiens, le fondateur de leur poésie, est le peintre de la rage rancunière. Il s’empare de la vengeance divine; descend dans les lieux infernaux; remue les flammes, la braise, la poix bouillante; fait rouler des fleuves de feu; et tout cela au profit de sa haine et de celle de son parti gibelin. Aussi, voyez les enfants de Florence s’enfuir à son aspect, en s’écriant : « Voilà l'homme qui sort de l’enfer. » Mais puisqu’il aime la poésie italienne, je vais lui traduire en maigre prose une strophe d’un poème, dont il pourra, contre, ses ennemis ou ses détrac- teurs, faire usage comme d’un baume salutaire : Viens, ô vile malignité, avec ton hideux aspect, montre-moi ton épouvan- table museau ; je. ne crains pas que ton venin me nuise ; de toi je me moque ; si la vertu me soutient, je. me fie à elle; je m'arme de mon innocence et je te défie. (Casli gli animali parlanti, canlo XXV.) M. Dumont peut tenir fièrement le même langage, lui qui professe, la maxime suivante : Que la douleur le rend injuste, mais que la crise, passée, le sentiment de l’équité, et de la bienveillance se réveille en lui. Eh bien ! forti- fions—le dans ce noble retour et disons-lui : Qu’il faut pardonner toujours, et toujours pardonner : ce sera pour lui le meilleur des calmants.