L'Auvergne thermale à l'époque gallo-romaine / Etienne Chabrol.

  • Chabrol, Etienne, 1883-
Date:
1931
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Credit: L'Auvergne thermale à l'époque gallo-romaine / Etienne Chabrol. Source: Wellcome Collection.

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    Telles sont les étapes successives de la balnéation romaine. Lors¬ qu’elles ont été franchies, il ne reste plus qu’à se soumettre à l’opé¬ ration délicate de la strigilation. Le strigile est une sorte de râcloir en bois, en corne ou en métal que le tractador promène énergique¬ ment sur la surface du corps pour étancher la sueur et déterger la desquamation de la peau. Voici un strigile quelque peu rugueux qui a été découvert à Vichy : c’est une sorte de râcloir en fer, dont le contact était adouci par l’usage des onguents parfumés. (Plan¬ che ÏV). A ce moment les masseurs interviennent pour assouplir les mem¬ bres, tandis que les épileurs procèdent à leur besogne. Séché, bichonné avec du duvet de cygne, le Gallo-Romain est finalement recouvert d’une étoffe de laine ; il se drape dans son manteau rouge-écarlate, prêt à rentrer chez lui. Ses esclaves le ramènent en litière. Dans ce rapide aperçu des mœurs balnéaires de l’époque, il convient de ne pas oublier que les thermes avaient pour annexe un véritable établissement de physiothérapie : dans des salles spéciales, on pouvait se préparer à la balnéation par la lutte, la boxe, le pugilat, comme en témoigne l’attitude de cet athlète en bronze découvert à Néris. (Planche XX). Toutes ces installations avaient une opulence qui 11e manqua pas d’éveiller, à différentes reprises, la critique sévère des philosophes et des censeurs. « Qui ne se croirait un mendiant, s’écrie Senèque (1), s’il ne se baignait dans une salle dont les murs n’étincelleraient pas du feu des pierreries, si le marbre d’Egypte n’y était incrusté de marbre de Numidie et encadré de mosaïque, si les plafonds n’étaient lam¬ brissés de cristal, si les piscines n’étaient taillées dans le marbre de Paros ? Et je ne parle encore que des bains du vulgaire. Que serait- ce si nous en venions à ceux des affranchis ! Que de statues, que de colonnes qui ne soutiennent rien et qui ne sont qu’un pur ornement. Quelles masses d’eau qui tombent avec fracas ! Nous sommes arrivés à un tel raffinement de délicatesse que nos pieds ne* peuvent plus toucher que des pierres précieuses. » — « Mais, m’objecterez-vous, la description de Senèque vise les thermes opulents de la Rome antique ; elle ne peut, malheureusement, s’appliquer aux modestes établissements balnéaires de l’Auvergne thermale. » En sommes-nous bien sûrs ? Voici un texte dont la sincérité ne peut être mise en doute, puis¬ qu’il a pour signataire l’évêque de Clermont, Sidoine Apollinaire (2). Cet auteur va nous décrire, lui-même, son propre établissement de bains. Vous n’ignorez pas qu’il possédait en Auvergne une villa (1) Sénèque. — Epistol. 86. (2) Sidoine Apollinaire. — Livre II. Epist. II. Traduction Grégoire et Col- lombet, Lyon 1836.