Nouveau manuel complet du fabricant et de l'amateur de tabac ... contenant l'histoire, la culture et la fabrication du tabac ... / Par une société de cultivateurs et de fabricants, sous la direction de P. Ch. Joubert.

  • Joubert, P. Charles.
Date:
1844
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Credit: Nouveau manuel complet du fabricant et de l'amateur de tabac ... contenant l'histoire, la culture et la fabrication du tabac ... / Par une société de cultivateurs et de fabricants, sous la direction de P. Ch. Joubert. Source: Wellcome Collection.

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    voulait-il s’inspirer, afin de rendre un oracle dans toutes les formes, immédiatement il se faisait injecter dans la bouche et les narines, à l’aide d’un long tube, des bouffées de tabac ins- pirateur. Il est donc bien certain que l’usage de fumer se perd dans la nuit des temps. Quant à l’usage de priser, c’est bien diffé- rent : on peut à cette habitude assigner une date certaine; et, d après tons les historiens, les priseurs naquirent sous le règne de Louis XIII. Le tabac en poudre valait alors dix francs la livre , somme considérable à cette époque. Le tabac fut introduit en Europe vers le milieu du seizième siècle, et ce fut en i56o que Jean Nicot, ambassadeur du roi deFrance, François II, auprès de Sébastien, roi de Portugal, l’introduisit en France. Nicot l’avait reçu d’un certain mar- chand flamand qui revenait d’Amérique et qui lui en donna des graines et des feuilles, et poussant la complaisance encore plus loin, il lui en montra l’usage. Bien certainement, les essais qu’en fit l’ambassadeur ne furent pas trés-multipliés , car, comme tous les hommes qui fument pour la première fois, il en eiit été malade, et assurément qu’il eût rejeté loin de lui cette plante dont la destinée était entre ses mains. Au con- raire, il sembla charmé delà nouveauté, et, arrivéà Lisbonne, il en donna quelques feuilles au grand-prieur de cette ville, qui, d après l'histoire, semble les avoir reçues comme une pré- cieuse découverte ; car le végétal prit immédiatement le nom d Herbe du Grand-Prieur. A son retour en France, Jean Nicot, toujours armé de ses feuilles de tabac, se présenta à la cour et fit hommage de son précieux végétal à Catherine de Mé- dicis. Certes il fallait, pour qu’il s’adressât si haut, qu’il eût une haute opinion de la valeur de sa plante, ou bien qu il fût dans 1 avenir que le tabac devait un jour rapporter au pou- voir 100 millions par an.