Volume 1

L'aphasie de Broca.

  • Moutier, Francois.
Date:
1908
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Credit: L'aphasie de Broca. Source: Wellcome Collection.

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    Nous verrons plus loin que les malades, toujours enclins à dé- clarer qu'ils « savent mais peuvent pas dire », se trompent sou- vent et cherchent à nous tromper. Ce sont là toutefois considéra- tions qui eussent été mieux placées, sans doute, au chapitre de l'aphasie. Mais, ayant abordé à propos de l'anarthrie l'étude du Proust-Lichtheim, nous avons tenu à épuiser ce sujet une fois pour toutes. Il reste évident que chez les anarthriques absolument purs,in- telligents, lettrés, sachant ce que c'est qu'une syllabe, l'expérience de Proust-Lichtheim réussit naturellement. Mais elle ne four- nit aucun élément de diagnostic nouveau, puisqu'il est bien entendu que chez les anarthriques, il n'est de trouble qu'en l'ar- ticulation du mot. Et si d'un autre côté l'expérience ne réussit point, on ne peut en tirer aucune conclusion : le malade inhabile pouvant devoir cette maladresse à son ignorance de ce qu'est une syllabe, comme à un déficit intellectuel commandé par une lésion de la zone de Wernicke. Critique historique du terme « anarthrie ». — Le terme « anarthrie » a été vivement attaqué lorsque Pierre Marie l'eut employé pour désigner les troubles de l'articulation chez les apha- siques de Broca, troubles pouvant, nous l'avons vu, exister à l'état isolé. Etymologiquement,anarthrie veut dire « défaut d'articulation». C'est un terme fort simple auquel on pourrait adresser un seul reproche, celui d'être trop compréhensif. On a voulu cependant en tenir l'acception pour restreinte, en le définissant « défaut d'ar- ticulation par paralysie». Or l'enchaînement inéluctable que l'on a récemment voulu établir entre ces deux termes « anarthrie » et «paralysie », ne s'appuie nullement sur l'historique des anar- thries et des dysarthries. Un bref retour en arrière nous permet- tra de vérifier ce que nous venons d'avancer. Cruveilhier, Andral, Bouillaud avaient depuis longtemps ré- parti en deux catégories distinctes les individus ayant perdu la parole et l'écriture à la fois, les sujets présentant le seul trou- ble du langage oral. Ni Broca, ni Trousseau n'observèrent cette distinction, reprise plus tard par tous ceux qui s'occupèrent des accidents de la parole. Avec le temps, on en vint donc, par les