Volume 1

Traité de la syphilis / par Alfred Fournier ; rédigé, d'après l'enseignement de l'Hôpital Saint-Louis, par Edmond Fournier.

Fournier, Alfred, 1832-1914.

Date:: 1898-1906

Credit: Traité de la syphilis / par Alfred Fournier ; rédigé, d'après l'enseignement de l'Hôpital Saint-Louis, par Edmond Fournier. Source: Wellcome Collection.

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$par sa réaction propre sur les éléments anatomiques de la région, à se frayer une voie, à s’ouvrir la tranchée, à constituer en un mot l’effraction épidermique ou épithéliale nécessaire à sa pénétration dans les tissus? On ne sait, car l’expérience n’a pas été faite, et l’on serait mal venu à raisonner par analogie, par impression, sur un point aussi délicat. Sans doute, nombre de malades affectés de chancre sur des régions découvertes et d’observation facile (telles que le visage, par exemple) nous affirment qu’au moment où la contagion s’est exercée sur eux ils ne présentaient, au point où elle s’est exercée, ni blessure, ni érail- lure, ni bouton, ni desquamation, ni lésion tégumentaire quelconque ayant pu servir de « porte d’entrée » au contage. Mais, alors qu’il s’agit de virus ou de microbe, une porte d’entrée microscopique, c’est-à-dire non appréciable, est plus qu’amplement suffisante. Somme toute, le problème est non résolu quant à présent ; peut-être même restera-t-il insoluble? II. —Un second point ressort de l’observation courante. C’est que, pour la très grande majorité des cas (90 à 93 p. 100, d’après mes statistiques personnelles), la contagion syphilitique s'exerce par le rap- prochement sexuel, c’est-à-dire dérive des contacts divers de l’union sexuelle. — Cela n’est ni contestable, ni contesté. La syphilis est donc d’origine vénérienne pour les neuf dixièmes des cas, environ. III. — Un troisième point — celui-ci de notion plus récente — est que la contagion syphilitique dérive, pour un nombre de cas assez considérable (7 à 10 p. 100, approximativement), de causes étrangères au commerce sexuel. De quelles causes dérive-t-elle alors? De n’importe quel de ces mille contacts que réalise la force ou le hasard des choses : baiser, inti- mités et échanges de la vie domestique, promiscuité, allaitement, éle- vage des enfants, usage d’objets communs, etc. ; — comme aussi de contaminations plus inattendues encore, au rang desquelles prennent place les contagions d’origine professionnelle (syphilis des verriers, par exemple), les contagions d’origine médicale (syphilis vaccinale), les contagions d’origine médiate, les contagions d’origine restant mystérieuse à force d’être accidentelle, etc., etc. ; — toutes variétés étiologiques dont la longue énumération trouvera place au chapitre des chancres extra-génitaux. D’où il suit que, pour un certain nombre de cas, certes bien autre- ment considérable qu’on ne le croit généralement, la syphilis est d’origine non vénérienne. A coup sûr, on peut la dire la moins vénérienne de toutes les mala- dies vénériennes. Car, à cela près d'exceptions infiniment rares, la blennorrhagie et le chancre simple dérivent exclusivement de causes$