Alfred Giard, 1846-1908 / [Maurice Caullery].

Caullery, Maurice, 1868-1958.

Date:: 1908

Catalogue details

Licence: In copyright

Credit: Alfred Giard, 1846-1908 / [Maurice Caullery]. Source: Wellcome Collection.

4/20 (page 2)

9 ALFRED F.IARD Son œil s'exerça, dès la première jeunesse, à la vision directe des choses, sans que le livre les eût déformées et masquées. Au collège de Valenciennes, il eut, pour professeur de sciences naturelles, un vétérinaire qui, pauvre de grades et de pédagogie théorique, cherchait par contre dans la réalité de ses connais¬ sances le fond de son enseignement et Giard racontait, par exemple, qu'il n'avait jamais oublié la pneumaticité des os des oiseaux, depuis le jour où ce premier maître, apportant en classe un oiseau tué à la chasse, en avait gonflé les poumons en souf¬ flant par les os de l’aile. Ainsi les dons merveilleux qui étaient en lui ne furent pas étouffés par l’éducation, mais mis en œuvre et, comme il l'a écrit, dès la quinzième année il était rompu aux difficultés de la nomenclature biologique par la détermi¬ nation des Insectes indigènes et aussi des Phanérogames. Le collège lui avait donné en outre une forte éducation classique à laquelle il tenait beaucoup, et le déclin de ces vieilles disci¬ plines était pour lui un vif sujet de regret. Sa magnifique mémoire avait enregistré pour toujours, presque tout ce qu’elle avait reçu. Enfin le passage à l'Ecole Normale avait complété tout cela par un solide ensemble de connaissances mathéma¬ tiques et physiques. On comprend ainsi que Giard ne connût pas d'hésitation sur sa vocation. Il était naturaliste. A l’École Normale, il eut pour maître Lacaze Duthiers, qui à ce moment fondait la Station zoologique de Roscoff; Giard y travailla encore dans des chambres d'auberge. En 1872, dans le premier volume des Archives de Zoologie expérimentale, parut sa thèse de doctorat sur les Synascidies. Elle est encore aujourd’hui classique sur bien des points. Elle mérite qu'on s'y arrête, car il s'y reconnaît déjà presque tout entier. On y trouve une étonnante provision d’idées dans l’ordre de la Biologie générale, avec un accent personnel qui sonne la maturité. Ni les maîtres, ni les livres n’apparaissent pour ainsi dire. Partout une vision originale et directe des choses, et, fruit de l'éducation, la préoccupation perpétuelle de replacer l’être vivant dans le milieu, de saisir le lien entre la structure et les conditions de vie, entre la mor¬ phologie et l'éthologie. Ce sera le caractère dominant de toute son œuvre ultérieure. L'anatomie en elle-même ne l'attirera pas et à Cet égard sa thèse, si remarquable à d'autres, reste en arrière de travaux contemporains exécutés avec les mêmes res-