Art de rafiner le sucre / Par M. Duhamel du Monceau.

Duhamel du Monceau, M., 1700-1782.

Date:: [1764]

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Credit: Art de rafiner le sucre / Par M. Duhamel du Monceau. Source: Wellcome Collection.

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Comme les racines partent & forcent presque toujours des nœuds, on eftime les boutures qui en ont beaucoup ; c’eft pour cela qu’on les prend par préfé¬ rence dans le haut des cannes, au-delTous de l’épi: mais on peut immédiate¬ ment fe difpenier de cette attention, & tirer plufieurs boutures d’une même canne. Le vrai tems de planter les cannes, efl la faifon des pluies ; car au bout de huit jours quelles ont été plantées , s’il tombe de l’eau, elles auront déjà fait des productions. Il faut farder foigneufement les cannes, 8c tant qu’il y croît de 1 herbe 5 on elt en partie debarralîe de ce foin, quand elles font devenues allez fortes pour étouffer l’herbe qui croîtrait fous elles. On doit encore éloi¬ gner toute efpèce de bétail de ces plantations, & faire la chafTe aux rats qui font tres-friands de ces cannes. Ce que je viens de rapporter, doit fuffire pour donner une idée de la culture de cette plante : difons maintenant un mot de fa récolte. On coupe les cannes au bout de quatorze, quinze ou feize mois, en un mot toutes les fois qu’elles font parvenues au point de maturité que nous avons indiqué : car il y a plus d’inconvénient de les couper trop vertes que trop mûres. Dans les terres maigres 8c qui ont peu de fond, il faut replanter les cannes après la fécondé coupe ; mais elles fubfîflent vingt ans 8c plus dans les bons terreins, les vieilles fouches pouffant jufqu’à quinze tiges : on doit avoir foin de les réchauffer toutes les fois quelles fe montrent trop hors de terre. Pour fe préparer à faire la récolte des cannes, on arrache les lianes qui pourroient y être crues depuis le dernier farclage ; quelque-tems après on coupe les tiges des cannes avec une ferpe ; on les lie par bottes, 8c on les porte au moulin pour en retirer le fuc le plutôt qui! efl poffible ; car on éprouveroit une perte confidérable,fi elles venoient à s’échauffer 8c à fermenter. Quand les cannes font cueillies , il faut en exprimer le fuc , ce qui s’exé¬ cute en les faifant paffer entre de gros rouleaux ou cylindres de fer (KIK Flanche I. Ftg. i. ) qui , par leurs révolutions engagent entre eux ces cannes, les brifent 8c les preffent fortement dans un efpace qui n’efl guere que d’une ligne ou une ligne 8c demie : le fuc qui en eft exprimé tombe dans une auge deflinee a le recevoir. Comme il y a trois rouleaux à chaque moulin, on fait paffer chaque canne entre deux de ces rouleaux, celui du milieu 18c un des côtés K; une Négreffe la reçoit de l’autre côté du moulin; elle la plie en deux, 8c la fait repaffer du côté d’où elle étoit venue, entre le rouleau du milieu 8c le rouleau de l’autre côté K : alors elle a rendu tout fon fuc. La canne dont le fuc a été exprimé fe nomme bagajje : on la fait fé- cher pour la brûler fous les chaudières.