Volume 3

Traité des maladies vénériennes : où, après avoir expliqué l'origine, la propagation, & la communication de ces maladies en général, on décrit la nature, les causes & la curation de chacune en particulier / Traduit du latin. De M. Astruc [par A.F. Jault et B. Boudon].

  • Astruc, Jean, 1684-1766.
Date:
1773-1774
    I. Peu de jours après un commerce impur, comme quatre , huit, douze jours après , il commence à diflilîer goutte-à-goutte , le long de Turè- thre , avec quelque fentimentde plai- fir , un peu de férofité lymphatique êc vifqueufe , qui englue l’extrémité du conduit ; le bout de Turèthre èft rouge , chaud , ouvert plus qu’à l’ordinaire ; on fent dans les Parties naturelles , fur-tout en urinant, un chatouillement inaccoutumé , fans douleur d’abord , à la vérité , mais avec une certaine chaleur , qui chaque fois approche davantage de la dou¬ leur. ÎL La maladie augmente enfuite peu-à-peu ; il iurvient une tendon , une roideur , une dureté involontaire & douloureufe de la verge ; il cou¬ le beaucoup de gouttes épaifles de femence , ou d’humeur féminale , fur-tout lorfqu’après avoir uriné , la Veiïie fe refferre fortement • la diffi¬ culté d’uriner croît de jour en jour , avec un fentiment d’acrimonie ÔC de chaleur mordicante dans tout l’urè¬ thre. III. Tous les fymptômes devien¬ nent dans la fuite plus violons ,• le Pé¬ rinée eft enflé , chaud , douloureux lorfqu’on le prefTe ; le Malade eft tourmenté en urinant d’une fâçheufe
    ciîifTon ; il y a une érection fréquente , involontaire , douloureufe , avec un fentiment d’une forte conftridtion de la verge , laquelle fe recourbe même quelquefois ; il coule beaucoup de fe- mence , ou d’humeur féminale, chau¬ de , délayée , âcre ; tantôt de cou¬ leur cendrée, femblable à du pus, tantôt marquée de points, de rayes, de filamens fanguins ; tantôt fétide , jaune , verte , véritablement puru¬ lente. IV. Enfin , la chaleur fe rallentif- fant, tous les fymptômes s’adoucif- fent peu-à-peu ; l’humeur de la go¬ norrhée coule plus doucement; elleefi: plus blanche , plus épahfe ; êc , la loLirce s’épuifant infenfiblement, elle cefTe tout-à-faitde couler, après avoir jetté auparavant quantité de floccons lymphatiques, très-petits , ÔC qui na¬ gent dans l’urine. Ce mes , dans ] après qu’elles ont contraéfé le mal,femmes,, leurs Parties naturelles font arrofées d’une humidité extraordinaire ; elles reifentent à la vulve une démangeai- fon fréquente accompagnée de cha¬ leur ; ôc cette démangaifon approche de plus en plus chaque jour de l’ar¬ deur d’urine. A 2 que nous avons dit des hom- Defcnps fe rencontre prefque de même es femmes. Car I. Peu de jours d^nc^'^ier
    IL La chaleur', Fardeur ^ la ron¬ geur , la douleisr du vagin étant en- laite augmentée , elles ont peine à fouffrir Fintroduélion de la verge ; elles Tentent en urinant, une acrimo¬ nie brûlante , moins vive cependant , pour l’ordinaire , que les hommes ; il y a un écoulement abondant d’hu¬ meur fémiiiale, chaude, liquide , âcre, quelquefois femblabie à du pus, d’au¬ tres fois fanguinolente , d’autres fois jaune, verte, fétide^ véritablement purulente. III. La phlogofe du vagin des parties voiiines venant après cela à diminuer peu-à-peu , de même que la difficulté d’uriner , il coule encore, pendant quelque-tems , une humeur féminale pourrie ou purulente ; mais qui devient plus blanche chaque jour, jufqu’à ce qu’enfin elle s’épuife, après avoir jetté de petits floccons lympha¬ tiques Ôi blanchâtres, qui nagent dans i’urine. §, IL Siège de I. Dans la'gonorrhée des hommes coule de l’urèthre ; dans celle rnee dans , r i j i i les hom-des temmes il coule de la vulve , une «nés. humeur féminale , non - feulement chaude, âcre, mordicante, mais en-
    core en grande quantité. Il faut donc que les Réfervoirs qui contiennent la femence ou les humeurs féminales j ÔC d’où elles fortent pour fe répan¬ dre dans l’urèthre , ou dans la vul¬ ve , foieiit mal afFeèfés, ou tous , ou plufieurs , ou du moins quelqu’un d’entr’eux : puifque c’eil: un axiome très - certain , que /e Jiégz de la mala^ die ejî à l\ndroit dtoîi coule une humeur viciée. Or , ces réfervoirs font , dans les hommes , de quatre fortes. i°. Les deux véjicules féminaires , placées aux deux côtés du commencement de l’urèthre , qui renferment la femence prolifique, féparée dans les tellicu- les , la jettent, quand il eflbefoin, dans l’urèthre par deux petites em¬ bouchures fituées près du Veru-mon- tanum» 2°. Les deux projiates , ou plutôt la frojîate , qui embraffe le col de la veiïie , qui jette dans l’iirèthre , par douze petits trous , l’humeur féminale qu’elle fépare qu’elle contient dans autant de cap- fules. 3^^. Les deux glandes de Cow- per , htiiées près de l’anus fous les mufcîes accélérateurs ^ lefquelles, par un conduit long 6c oblique , jettent chacune dans le canal de l’urèthre , à la racine de la verge , environ un pouce au-delà des conduits Ex-^
    Siège de la Gonor¬ rhée dans les fem- îîies. 6 Traite’ des Maladies créîeurs des véficiiles féminales ôC des proftates, l’humeur féminale qu’eh les ont féparée. 4®. Enfin , Us cellu¬ les répandues en grand nombre dans la face intérieure de turèthre , & qui verfent une humeur peu différente de celle des glandes de Cowper ^ fur-îout dans la folle naviculaite for¬ mée par la dilatation de l’iirèthre à la racine du gland , & où Ton fçait par expérience qu’il fe rencontre le plus foLivent des ulcérations conlidérables dans la gonorrhée. Au refte , je com- prens parmi ces cellules la glande dé¬ crite par M. Littré * , laquelle e(i placée clans répaifTeur du tiflii fpon- gieux de l’iirèthre en-deçà delà prof- îate , 5c s’ouvre dans ce canal par quantité de petits trous , d’où il dé¬ coule continuellement quelques gout¬ tes d’une humeur féminale de même genre que celle des glandes de Cow- p'er. Il y a dans les femmes tout autant de fortes de réfervoirs , d’où les humeurs féminales peuvent couler dans la vulve , mais ils font autre¬ ment fitués. i^. Les projlates , ou plutôt la projîate , qui dans les fem¬ mes embrafle l’urèthre , s’ouvre dans la vulve , fous le clitoris par ^ Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, «nn.1700.