Volume 1

Supplément / [Bernard de Montfaucon].

  • Montfaucon, Bernard de, 1655-1741
Date:
1757
    fi R E I A C Ëi tij infirme aufii fur un nombre infini de chofes, que les Auteurs n’apprennent pas. Cette fécondé claffe a été toujours affez négligée : elle étoft prefque in¬ connue avant ces derniers fiécles. Toutes deux font fi importantes, & ont tant de liaifon enfemble, que nous ne pouvons nous difpenfer de parler ici de l une & de l’autre. Les Auteurs profanes font les fources de ce qu’on appelle la belle littérature» Les a-t-on une fois négligés 3 on elt tombé dans la barbarie. En a-ton rap¬ pelle lutage , dont on s etoit privé plus de mille ans : tous les arts & toutes les lciences ont recommence à fleurir, & fe font perfectionnés à mefure qu on a redoublé fes foins à cultiver les anciens auteurs. Les arts, dis-je , qui fuivent le lorc des lciences, fe font relevés & ont monté à un haut point de perfection ; la philolophie ancienne a enhardi nos philofophes â inventer de nouveaux lyftêmes, & à rétablir ceux qui étoient connus de peu de philo- iophes des premiers temps. La chronologie a été débrouillée , autant prefque que le peut etre une fcience fujette à tant de difficultés ; la géométrie , la géo¬ graphie & fur tout l’aftronomie ont fait des progrès furprenans. L’éloquence dont les anciens nous ont tranfinis de fi grands modèles , s’eft perfectionnée à un point, que notre fiécle le dilpute aujourd’hui non feulement avec le fiécle d Augûlte, mais aufli avec les temps les plus fiorilfans de la république d’A- thenes. Tout nous vient en un mot de ces anciens idolâtres ; & comme ils meloient la religion par tout, ces langues s’y trouvent parées en toute occa- fion de la mythologie des dieux : les auteurs de toute efpece remploient fré¬ quemment. • Que les exprelfions mythologiques loient tant qu’on voudra des orne- mens purement extérieurs : les dilciplines ne font venues jufqu’à nous qu’avec ces ornemens ; & ces exprelfions font répandues dans prefque toutes les lan¬ gues de 1 Europe. Jupiter , Minerve , Mercure , Hercule, Mars 3 Bacchus, la : Chimere , ôcc. viennent a tout moment. Veut-on apprendre Je Grec ? il faut riéceffairement étudier les bons aureurs en cette langue , & il n’y en a point qui ne rappelle fans celle la Théogonie & la Fable. Veut-on fe former un raroque ad germanam rerum figuram attingere pollumus. Néque vero hoc unum ex hac emolu- memum percipimus ; {ed etiam innumera pene docet ilia , quaï apud fcrip'tores fruftra quæfîe- ris. Hæc porro fecunda clalîis diu neglebta , avo- rumque noftrorum fæculis pene ignota erac. Am- bae vero dalles tanti iunt momenti , totque nexi- bus mutuo colligantur , ut operæ pretium ht hic de utraque paucis dilferere. In profanés-tantum feriptoribus politior littera- tora hauriri poteft. Ubi femel ii< neglecti fuere , in barbariem omnes delapfl furie ; ubi vero poft- quam per annos plus quarii rriille obfoleverant, in ufum revocati lunt, artes orimes difciplinæque J fiorere cœperunt, eoque majore; profe&u donatæ ‘ funt, quo majore cura veterum feripta excole- bantur. Artes , inquam , quae fTàèQtlésm fortem fe- qui folent , ad perfectionis culmen funt evedæ ; philofophia vêtus philofophis ævi noftri animoS * fecit , ut novas philofophandi vias adirent , 8c veterum quorumdam philofophorum inventa, non tri ta , de integro revocarent. Chrohologia ex im- menla caligine emerfit, quantum tamen poteft ' cmergere tôt intricata difEcultatibus ; Geo- metria , præfertimque Aftronomia , ftupendum in morem profeCere. Eloquentia , eu jus veterés f exemplaria nobis admodum conlpicua tranfmi- fere , tam diligenter tamque ftliqi exitu culta fuit, ut ea in ré pollit ævum noftrûnVf non no- do cum Augufti fæculo concertare , ' ifed etiam cüm florentiflimis illis reipublicæ Àtlienienfis tem- pôribüs. Bæc omnïa nobis ex veteribus illis fimu-*' lacrorum cultoribus accelîere^: cumque illi rçli- giones fuas paftim. admifeerent, utriulque linguæ feripta Græcæ nimirùm , ac Latiriæ âeoi'um my- thologia ubique exornantur ’à cujufvis generis feriptoribus. " ' ' . Dixeris fortaftè hase , ^mythqjogiqa ornamenta extera prorfus elle , neque ad re.s.ipfas pertinere., Verum difcipiiriæ nonnifi cum lufce" ^^pnentis ad nos tranfiniftæ fûnt, quæ ornamenta j nimi- rum mythologie;^" dicliones , narratippefqpe per . omnia ferme Europæ idipmata immiffie, funt. Ju¬ piter , Mtne'rva, Mercuirius ^ Flerculcs , Mars., BàccHus, Cbimæra ipfa paftim prôferuntur. Vin’ Gfiçam addifee^e linguam ? Legaspportçt feripto- res' Græcos optimos quofque'f quorum "nullus eft ' quin theogoniam veterefque fabulas afferat in me- \ / • •
    Lon ftylc Latin ? On ne le peut, que par la frequente le&urc des auteurs cia£ fiques, tout parfemés de Fables Ôc de la Théologie profane. Si Ton fè met â la le&ure des Peres les plus anciens, comme S. Irenée ■> Clément Alexandrin) Tertullien , ils repaient toute la généalogie des dieux: ce que font auffi dans des temps plus bas S. Athanafe dans fon traité contre les Gentils, S. Grégoire de Nazianze dans plufieurs de fes ouvrages, S. Jean Chryfoftame dans fon long traité fur S. Babilas & ailleurs. Pour ce qui eft de S. Auguftin, il nous retrace affiez au long dans fa Cité de Dieu toute la mythologie & l’hiftoire profane. Les livres faints mêmes n en font pas exempts, nous y trouvons des manié¬ rés de parler nées fans doute chez les Gentils > & fondées fur la mythologie \ par exemple , ces anciens profanes croyoicnt que les âmes des défunts fe ren- doient aux portes de l’enfer * où elles payoient un tribut pour entrer dans le manoir de Pluton : & comme ce lieu étoit abhorré des mortels, on comparoir aux portes de l'enfer les chofes les plus odieufes. C’eft en ce fens qffi Achille dit dans Homeret Je bais comme les fortes de l’enfer 3 celui qui dit une chofe O* en penfe une autre. Cette expreffion avoir paffié dans la langue fainte, des gens infpirés de Dieu s'en fervent. Ezechias parle ainfi dans le Cantique qu’il fit pour le re¬ couvrement de la fanté : fai dit dans la force de mon âge > firai aux portes de l’enfer. Et notre Seigneur Jefus-Chrift s’en eft fervi en parlant au Prince des Apôtres : Vous êtes Pierre , Cr fur cette pierre f édifierai mon Eglifi , & les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Le Sauveur emploie cette expreffion , qui par le commerce des idolâtres avoir paffié dans la langue dii peuple laine j de même qu’il fe lèrt ailleurs dun proverbe émané de la même fource. Il vous efi dur de regimber contre l’aiguillon, dit-il a S. Paul $ ancien proverbe qui fe trouve dans Pindare : il efi pernicieux, dit-il * de regimber contre l’aiguillon. Terence dit auffi : Et vous regimberez^ contre l’aiguillon. Les mêmes auteurs profanes qui nous ont appris à parler * nous apprerinetit auffi 3 comme nous avons dit * les arts & les fcienccs : & ce qui intéreffie bien plus de gens > l’ancienne hiftoire ne fe trouve que dans ces originaux. Il eft dium. Vin’ limate feribendi Latine eonfuetudi- ném âdipifci ? Id fruftra tentes , nift aftidue legas véteres illos Laciila: lingüæ magîftros, 5c fabulis 6c theôlôgià ilia profana refperfos. Si veterüm Paçrum îrenæi, Clementis Alexan- drini , Tertulliani feripta perlegas , totam illi dèorum genëalogiâm fréquenter exhibent : id. quod etiam in fequenri ævo videre eft apud Atha- nafium libro contra Gentes, Gregorium Nazian- zeiiurîi in Orationibus non paucis , Joannem Chryfoftomum de Babyla 5c alibi. Quod autem ad Âuguftinürh fpectat, totam ille mytnologiam pluribus traftat., hiftoriamque profanam , in libris nempe de Civitate Dei. Ne facros quidem libros iis vacuds reperimus, ibi enitn -loquendi généra occurrunt in profana ilia religioftë riata, inque mythologia fundata ; exempli caufa veteres illi putabant defundtorum animas irifeti ftatim portas adiré , Sc naulum foi- vëre ut in Plutonis domum intrarent : quoniam veto mortales omnês hujufmodi domicilium hor- rebant 5 hinc folebant res perquam odiofas cum portis inferi comparare. Sic Achillcs apud Ho- înetum II. 9. E^5pof yàc? y.01 kuvô; ôga>( ctïtao > Of X *Têfov [Av kîliSu èvi Çfia-tv , «Mo <fè fi«£»/. Hoc comparationis genus in linguam fandtam influxerat j illo utitur vir divino numinc afflatus Ezechias in Cantico pro redintegrata valetudine emiflo , Ego dixi in dirnidio dierutn mcor'Um , va- dam ad -portas inferi. Et D. N. Jefus Chriftus illo ufus eft cum Apoftolorum principem alloquere- tur : Tu es Petrus, & fuper hanc petram adificabo Ecclefiam meam , & porta inferi non prœvalebunt- adverfus eam. Hoc Chriftus utitur didfco, quod ex Gentium confortio in linguam fandtam invec- tum fuerat ; ut 5c alibi proverbio utitur eodem ex fonte manante : Durum efi tibi contra fiimulum cal- citrare , inquit Paulo. Adagio autem illo veteri utitur Pindarus Pyth. x. irori vtçov «Ti toi KcafliÇi- Uiv y nKUiii oKio-Qiteof oli/xof j Terentius quoque , contra fiimulum ut calcts. Iidem autem veteires feriptores , qui nobis in loquendi ratione magiftri fuiit, artium quoqvle & difeiplinarum omnium doétores nobis fuere : quodque magis atftimandum , vêtus hiftoria in his folum fontibus hauritur. Certum igitur eft eo*
    donc certain que ceux qui veulent faire du progrès dans les fciences, & plus encore ceux qui fe trouvent dans des engagemens de travailler pour le public, doivent s'appliquer férieüfement à l’étude des anciens auteurs. Cette érudition eft fans doute néceifaire j mais il n’eft pas moins certain qu'elle ne fuffit pas. Un grand nombre de chofes ne s’entendent qu’avec le fe- cours des monumens de la leconde claife , &c d’autres ne s’entendent qu’im- parfaitement fans ce fecours. Il eft rare qu’une defcription 5 quelque éxaéte &C détaillée qu’elle puiftè être, donne une idée auffi claire des choies, que l'ima¬ ge des mêmes chofes faite dans le temps & d’après nature. De-la vient que ceux qui fur le récit des auteurs ont tracé l’image des choies qu’ils décri¬ vent , quelque application quils y ayent pu apporter > ne font préfque ja¬ mais arrivés à les exprimer telles quelles font. Cela fe voit quand on vient a déterrer quelque bas relief chargé de ligures, décrites par d’anciens au^ teurs, & ci-devant dèflinées par des fçavans modernes. L’image naturelle de la choie éclipfe alors tout d'un coup celle que nous nous étions formé fur le récit du premier , & fur les delfeins donnés par le fécond, qui ne les avoic tracés qu’en devinant : tout de même qu’un voyageur à qui l’on avoit fait cent fois la defcription d’une ville , trouve tout nouveau quand il la voit de fès propres yeux. Ce premier afpeél efface tous les traits imparfaits qu’il s’en étoit formé fur des récits, qui, quelque clairs qu'ils puillènt être, n’arrivenc jamais à apprendre ce que le premier coup d’oeil fait connoître. Les images tirées des monumens font prefque les effets d'une delcente fur les lieux , ôc nous mettent devant les yeux ce que nous n’entendions qu’à demi. Lipfe qui avoit tant étudié les Antiquités Romaines, a donné des peintures d'après la defcription des auteurs, il en a fouvent tâté plufieurs pour trouver la véri¬ table. Depuis lui plufieurs de ces images fe font trouvées fur des originaux 5 & l'on s’eft d’abord apperçu que Lipfe avoit prefque toujours mal deviné. Avec le fecours de ces monumens, on tire incomparablement plus d’uti¬ lité de la leéhire des anciens. Les images nous inftruifent plus furemenc fur bien des chofes que les auteurs mêmes, & augmentent de beaucoup le plaifir de la leéhire. Ce fecours eft néceffaire à ceux même que leur grand fçavoir qui humanis divinifque difciplinis ornari per- opeant, multoque magis eos qui rei litterariæ pro- movendæ dant operam , nonnifi aftidua vecerum feriptorum ledione polTe rem féliciter gerere. Hoc genus eruditionis necelTarium eife confiât : neque minus certum eft , id ad plenam inftitutio- nem non fatis elle. Multa quippe funt, quæ non- nift ope monumentorum fecundæ clailis poftunc intelligi} alia vero fine hujufmodi auxilio imper- fede capiuntur. Defcriptio enim quantum vis ac- curata , quantumvis minutatim explanans omnia , rariffime eamdem poteft notitiam parère, quam imago ipfa rerum , ipfis rebus præfentibus depida vel exprefla. Hinc accidit ut ii qui ex feriptorum narratione imaginem rerum delineavere, quan- tacumque adhibita diligentia , nunquam fere in allata figura rei veritatem aflècuti fint. Illud au- tem deprehendimus, verbi caufa, quando ana- glyphum quodpiam eruitur , figuris onuftum, quæ figuræ à veteri quodam audore (iefcriptæ, ab alio noftri vel patrum ævi ad illius fidem deli- neatæ fuerinr. Tune enim imago ilia vera recens eruta ? figuraro quam prier verbe defcripferac, pofteriorque divinando delineaverat , ex imagi- natione noftra ftatim éliminât , illiufque locum occupât : haud fecus quam , cum peregrinator quifpiam , qui de urbis alicujus fitu formaque narrantes plurimos audivit, nova omnia confpi* cit, quando ipfis oculis eam inruetur. Primus enim conlpedus illam priorem imaginem delet, quam ex auditu multorum conceperat : quanta- cumque enim narrentur, non poftunt ea quæ pri¬ mus oculorum confpedus percipit , repræfentare. Imagines enim hujufmodi ex monimentis edudæ rem quafi præfentem conftituunt, &C ea quæ vix apprehendere poteramus , fub oculos ftatuunr. Lipfius qui Romanorum antiquitati explorandae tôt annos infumferat, ex audorum deferiptione multa delineavit, & quidem quam accuratiftime potuit. Poftea autem veræ rerum imagines in mo- numentis repertæ funt, tuneque deprehenfum eft raro Lipfium rem ut erac expreffiftè, Horumce monumentorum ope longe major uti- litas ex veterum ledione decerpitur. Imagines quippe rerum , cum certiorem pariunt notîtiam , quam feriptores, tum ledionis voluptatem ad- a nj
    éleve le plus au-defïus du commun : il leur aide à comprendre bien des cho¬ ies qu’ils n’ont pas entendues , ôc a corriger leurs idees fur d autres. C eft prin¬ cipalement dans cette vue que j ai forme le delîein de cet ouvrage, qui réunit toutes les figures ôc les range en differentes cla.f!ès marquées.- Ceux qui voudront déformais fe rendre habiles dans tout ce qui regarde l’Antiquité, doivent commencer d’abord par ces monumens ; c’eft un grand préparatif pour avancer beaucoup en peu de temps. Quelle facilité n’a-1-on pas à bien entendre l’hiftoire ancienne , lorfqu’on a vu de fes propres yeux la forme des divinités de toute efpece , les temples , les rites des facrifices ; qu’on a remarqué fur des images sures les habits de la plupart des anciennes nations connues, l’ordre & la difpofmon de la table Sc des repas, la forme des vafes, les poids , les mefures, les bâtimens pu¬ blics, les cérémonies des noces, les bains, les thermes, les inftrumens de mufique , le détail de la guerre & les funérailles ; qu’on a vu, dis-je, tout cela d’après des originaux faits dans les temps mêmes ? Un autre avantage non moins corifidérable qu’on peut tirer de ces mo¬ numens , c eft la connoiffance d’un grand nombre de chofes, que les auteurs n’apprennent pas. Il rfy a aucune partie de l’Antiquité qui n’en puiffe four- nir plufieurs exemples. Quel auceur a jamais parlé de Cybele repréfentée à l’entrée d’un temple fur la poitrine d’un Archigalle ? Ou a-t-on vu toutes les parties du temps perfonnifiées ôc quelques-unes déifiées ? Les auteurs n en difènt prefque rien, ôc les monumens nous les montrent en grand nom¬ bre. Si l’on parcourt les divinités connues, on n’en trouvera prefque point dont les marbres ne nous fourniffent quelque figure inconnue aux mytholo¬ gues & aux hiftoriens. Ce que nous y apprenons de Mithras, dont le culte étoit fi célébré aux premiers fiécles du Chriftianifme , fait une lon¬ gue hiftoire, dont on ne trouve prefque rien dans les anciens livres. Com¬ bien d’autres divinités n y voit-on pas , dont les auteurs n ont jamais parlé ? v . f g Si l’on pafTe aux autres parties de l’Antiquité, le détail des habits des Prêtres, de la forme des temples, des inftrumens facrés, des facrifices , modum adaugent. Hoc fubfidii genere opus ha- bént etiara illi , qui in re litteraria procédés haben- tur, ut mu Ica quæ non probe perceperant appre- hendere poffint, ôc alia quæ male perceperant emendentl Hic mihi præcipuus fuit ftimulus , ut hûic operi manum admoverem , in qüo imagines n&tiVô' ordine ponuntur. Qui rem antiquariam totam ‘adequi volucriht, ab hifee ftatim moni- mentisMncipiant oportet-, iride enirïi major cele- îTorqti.e profedtus apparabitur. Qdach facile enim hiftoriam veterem capias, cum ipfis oculis videtis deorum omnium formas, tettpla y facrificiorum ricuâ varios ; cum imagines veras percepefis veftiùm 'cujufvis fere nation!s ; m’e'iifæ ordiriem figuram cpnfpexeris , va fa , pondéra , menfurasaidificià publiai, nuptiarum ritlis1 diverfos , ‘baiilea' , rhermas , inftrumenta rrtuficà , belli ratiojjem' &fordinem , funera ; cum hæc , inquam , oculis videris , ut prifeis illis tempotîblis1. deîi'rïèata font ? Ex .lufcc porro vetêrum monimentis aliud, nec minus : habendum , emolumentum percipitur ; mültafÜm nempe r Or uni notitia, quarn apud ferip- — -■ tores fruftra quæras. Inter diverfas Antiquitatis explanatæ partes, nul la eft quæ hujufmodi exem¬ pta non fuppeditet. Quis feriptorum unquam Cy- belem memoravit in Archigalli pe&ore repræfen- ratam, do in oftio rempli ibidem exhibitam ? Ubi- nam vidimus temporis partes omnes perfonarum more exprdTas , & aliquot earum inter numina ha¬ bitas ? Nihil fere hac de re apud feriptores occur- rit, fed marmora ôc anaglypha hæc paflïm exhi¬ bent. Si percurras numina omnia , vix quodpiam deprehendas , cujus figuram aliquam , au&oribus & mythologis ignotam , monumenta non repræ- lentenc. Quæ in hujufmodi monimentis de Mitrha edifeimus, cujus cultus erat prioribus Chriftianif- mi fæculis celeberrimus ; ilia fane prælongam hif- tdriam efficiunt, de qua nihil fere in veterum li- bris occurrit. Quot etiam ignora numina ibidem exhibentur , de quibüs ne verbum quidem apud feriptores ? * Si ad cæteras Antiquitatis explanatæ partes pro¬ cédants , forma veftium facerdotalium , inftru- meritorum facrorum , facrificiorum , in marmorï- bus tant uni ôc anaglyphis edifeitur. Ejufdem ge-
    P R* E F A C E. *vïj ne peut s’apprendre qu’avec les marbres 6c les bronzes. Dans la même caté¬ gorie entrent les habits * les chauflures * les boucles, vafes, féaux * 6c tout cet attirail qui compofe la troifiéme partie de l’Antiquité. De même les ar¬ mes, la cavalerie * 6c tout ce qui regarde la guerre , les ponts, les grands che¬ mins , les funérailles. Toutes ces parties de l’Antiquité renferment cent cho- fes que les feuls monumens apprennent. J Si l’on vient à repalfer les monumens des autres nations ; on y temâr^ quera d’abord que tous les auteurs enfemble n’apprennent pas fur la religion des Egyptiens le quart de ce qui fe trouve dans les figures Egyptiennes : ce pays en fournit en fi grand nombre* qu’on n’en voit jamais la fin. Où trou¬ vons-nous dans les auteurs le culte du cadavre d’Ofiris étendu fur un banc façonné félon la forme d’un lion, dont le deffous eft orné de diftérens Ca- nopes rangés avec fymmétrie ? En voilà déjà fix ou fept déterrés, dont la plu¬ part nous repréfentent Ofiris en cette maniéré avec ifis 6c Anubis > qui mènent un grand deuil de fa mort. En combien de maniérés ne voyons-nous pas Ifis repréfentée ? Une des plus fingulieres 6c des moins connues, eft celle qui de ù. tête, de fes bras 6c de fes ailes foutient 6c tout l’univers 6c toute là religion. A propos d’ifis, j’avertis ici que jen ai encore trouvé, mais trop tard* une qui frappe par fa fingularité. Elle eft à Pontoife dans la maifon de cam¬ pagne de Monfeigneur le Duc de Bouillon. C’eft une ftatue d’environ un pied 6c demi de hauteur, qui porte fur fa tête un épervier. Cet oifeau , fé¬ lon Plutarque, repréfentoit Ofiris. Sur le ventre de la ftatue , eft encore peinte cette Ifis dont nous venons de parler * qui foutient de fa tête * de fes bras 6c de fes ailes ie monde ôc la religion. Une infinité de chofes qui re¬ gardent cette religion Égyptienne * ne s’apprennent que par les anciens mo¬ numens. L’Egypte nous en envoyé fans celle de nouveaux. Jamais on n’eut tant de foin de repréfènter en figure tout ce qui entroit dans le culté , qu’en eut cette nation , la plus fuperftitieufe de toutes les nations. Ces antiques nous inftruifent aufli fur bien des chofes qui regardent les autres peuples, les Syriens, les Perfès, les Parthes, Ôcc. Mais rien ne nous interefïe tant que les monumens Gaulois, que nous avons déjà donnés, 6c nerïs funt veftimenta, calcei, fibulæ , vafa> figilla, cæteraque omnia quæ in tertia Antiquitads expla- naræ parte comprehenduntur. Itemque arma, equi, univerfaque ad bellum pertinentia, pontes , viæ , funera. Hæ omnes Antiquitatis partes innu- mera pene compleCtuntur , quæ in folis monimen- tis edifeimus. Si ad cærerarum monîmenta nationum tranfea- mus, nullo negotio deprehendas , omnes firiiul feriptores ne quartam partem rerum ad religionem fpedbantium docere , quas in monumentis Ægyp- tiacis edifeimus. Tôt quotidie ex Ægypto hujul- cemodi figna &c fimulacra afferuntur , ut eorum finem nunquam videre poffis. Ubinarri apud auc- tores reperimus cultum cadaveris Ofiridis extenfi ïn feamno ad formam leonis aptato, infra pofitis variæ formæ Canopis una ferie concinnatis ? Jam fex feptemve fehemata accepimus non ita pridem eruta, quæ fie Ofiridenl exhibent, cum Ifide & Anubi , qui mortuum lugent. Quot vero modis ïfidem repræfentatam videmus ? Inter fingularifii- mas autem illas Ifides eminet ea, haClenus igno- ta , quæ capite , brachiis & alis, & mundum uni- verfum & religionem totâm fuftentat. Quando de Ifide agitur, montre juvat, me in ïfidem iricidifie * etfi tardius quam par erat, fin- gularitate fua fpedtabilem. Ea eft Pontifaræ in ædibus Sereniftimi Ducis de Bouillon. Eft ftatuâ unum atque dimidium pedem habenâ altitudine , geftatque capite accipitrem : quæ avis fecundurri Plutarchum de Ifide & Ofiride , Ofiridern repræ- fentabat. Supra ventrem ftatuæ depingitur etiatn Ifis ilia , quæ capite, brachiis &: alis mllndum ac religionem geftat. Innumeræ plane res culturrt Ægÿptiacum fpecfcantes ex folis monimentis com- periuntur. Ex Ægypto qüippe nova quotidie tranf- mittuntur. Nulla ufpiam natio ea quæ ad religio- nés füas fpedabant, tanta edra ôc diligentia pet figna & figuras expreffit, quanta Ægyptii, om¬ nium fuperftitiofiflîmi. In monumentis item muîtâ edifeimus circa res ad alios populos fpedlantes , Syros, Perfas, Par- thos, Scc. Verum nihil ita nobis cordi efle débet ^ ut monumenta Gallica , quæ pridem dedimus #