Contribution a l'étude de l'intoxication par le sulfure de carbone chez les ouvriers en caoutchouc soufflé : thèse pour le doctorat en médecine présentée et soutenue le 25 mars 1874 / par Louis Huguin.

  • Huguin, Louis.
Date:
1874
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Credit: Contribution a l'étude de l'intoxication par le sulfure de carbone chez les ouvriers en caoutchouc soufflé : thèse pour le doctorat en médecine présentée et soutenue le 25 mars 1874 / par Louis Huguin. Source: Wellcome Collection.

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    OBSERVATIONS Obs. I. —B..., âgé de 15 ans, est entré à l'hôpital de la Charité, le 20 octobre dans le service de M. Bouchard. Dans le courant du mois de février, ce jeune homme entra dans une fabrique de caoutchouc soufflé, rue Saint-Charles, 185 ; jusqu'alors il n'avait eu aucune maladie, sauf une coqueluche à l'âge de 7 ans. Quand il entre dans la fabrique, il a 14 ans et demi. Son travail consistait à prendre des petits ballons au nombre de cinq ou six, à les placer sur les dents d'une fourchette recourbée et à les tremper ensuite dans le sulfure de carbone, additionné d'une légère quantité de chlorure de soufre. En outre, il faisait tous les deux ou trois jours, ce qu'en terme de mé- tier on appelle la salade, c'est-à-dire qu'il prenait une bonne poignée de ballons, les trempait dans un quart de litre environ de sulfure de carbone versé dans une grande terrine et les remuait avec les mains jusqu'à ce que tout le sulfure fût évaporé. Au début il travaillait environ cinq heures par jour, il ne pouvait davan- tage à cause de violentes douleurs de tète qui lui arrivaient tous les jours. Au bout de quelque temps, il parvint à travailler dix heures par jour. Il entrait à sa fabri- que à sept heures du matin et sortait le soir à sept heures. Quelquefois, lorsque le travail pressait, on le faisait venir à quatre heures du matin, et ne retournait le soir qu'à sept heures, et même plusieurs fois il fut obligé de venir le dimanche. Il travaillait en plein air, sauf dans les moments de froid et de pluie, où il tra- vaillait dans une petite cuisine; mais il en sortait dès que cela était possible. Dans le début, il vomissait tous les jours; il était prévenu par une hypersécré- tion assez douloureuEe de la salive, qui lui permettait de s'éloigner à temps de l'endroit où il travaillait. Il nous rappelle même une matinée où il eut six vomis- sements. Dans la suite, il passa rarement une semaine sans vomir au moins deux fois. II éprouvait la sensation d'un froid très-vif, et se mettait à trembler de tous ses membres; puis cette sensation se passant, le mal de tête arrivait, de sorte qu'il pouvait dire à l'avance qu'il allait, avoir mal à la tête. La tête devenait d'abord lourde, il était comme étourdi, tout tournait autour de lui, puis le mal croissant