Sur les perforations et les divisions de la voûte palatine : rapport fait à la Société médicale d'émulation de Paris, dans sa séance du 4 décembre 1858 / par Hte bon. Larrey.

  • Larrey, Félix Hippolyte, baron, 1808-1895.
Date:
1859
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Credit: Sur les perforations et les divisions de la voûte palatine : rapport fait à la Société médicale d'émulation de Paris, dans sa séance du 4 décembre 1858 / par Hte bon. Larrey. Source: Wellcome Collection.

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    reçoive une suffisante quantité de sang. Enfin le procédé de M. Botrel offre moins d’inconvénients que ceux-là, mais il ne présente pas non plus toutes les conditions de vitalité désirable et laisse à son extrémité ou implantation antérieure une fixité défec- tueuse. M. Baizeau a heureusement obvié à ces divers inconvénients dans un cas soumis, il y a quelques mois, à son observation, et qu’il a présenté à la Société de chirurgie (1). Ce fait intéressant peut se résumer ainsi : Un caporal du 35e de ligne, âgé de 30 ans, ayant fait une chute du haut d’un gre- nier, le 14 avril 1852, était tombé la face contre des fagots, et s’était enfoncé dans la bouche un morceau de bois qui, après avoir déchiré la langue, pénétra dans les fosses nasales, en perforant la voûte palatine. Une vive douleur fut suivie d’une hémorrhagie assez abondante qui s’arrêta spontanément; et la blessure, abandonnée à elle-même, parvint, en quinze jours, à la guérison, mais en laissant après elle une petite tumeur développée sur la langue aux dépens de son tissu déchiré, ainsi qu’une perforation de la voûte palatine. Ce militaire, croyant son infirmité incurable, était entré au Val-de-Grâce, au mois de mars dernier, pour une gengivite ulcéreuse, lorsque M. Baizeau, dans le service duquel il se trouvait, constata l’existence de la perforation, située sur la ligne médiane, au delà de 4 centimètres des incisives, au niveau du point d’intersection suturale des os palatins et maxillaires supérieurs. Cette perforation, de forme arrondie, avait 8 milli- mètres, à bords amincis et enfoncés vers les fosses nasales, surtout à la partie anté- rieure ; elle donnait lieu aux effets bien connus de ces pertes de substance, et réclamait l’application d’un obturateur, sinon l’uraniscoplastie (2) à proprement parler. Ce fut cette opération délicate et difficile que notre confrère voulut cependant essayer, malgré l’insuccès de la plupart des tentatives de ce genre, mais eu égard aux conditions de l’ouverture et aux chances d’un nouvean procédé. Voici, du reste, en quels termes l’auteur décrit lui-même son procédé, dans une note qui résume son mémoire à ce sujet : « Je taille sur les côtés de la fistule deux lambeaux longitudinaux parallèles à son grand axe, et qui, détachés de la voûte par leur face profonde, se continuent en avant et en arrière avec les parties molles. J’ai ainsi deux voiles, en forme de pont, mobiles latéralement, et pouvant facilement se réunir par leurs bords internes, de telle façon qu’il n’y a ni torsion, ni renversement, ni tiraillement des lambeaux, qui, d’autre part, sont largement alimentés par les vais- seaux palatins, se dirigeant d’arrière en avant. En outre, afin de ne pas augmenter le nombre des cas d’insuccès, et de ne pas employer des tissus peu propres à raggluUna- tion, je ne touche pas aux bords de la fistule, mais je porte à 1 ou 2 millimètres en dehors de l’ouverture l’incision qui doit limiter la lèvre interne des lambeaux. » L’opération ainsi laite le 10 avril, c’est-à-dire six années après l’accident, et sur- (1) Bulletin de la Société de chirurgie, séance du 2 juin 1858. (2) Diclionnaire de médecine de Nyslen, Littré, Robin, 1855.