L'École de Salerne : traduction en vers français / par Ch. Meaux Saint-Marc ; avec le texte latin, en regard précédée d'une introduction par le docteur Ch. Daremberg. De la sobriété conseils pour vivre longtemps.

Date:
1861
    _ scveres, la confiscation desbiens mobiliei s,la prison meme, sont cdiclees conire lout delinquant. Le texte des legons faites par les maitres sera pris dans les livres authentiques (aulorises), ceux d’Hippocrate et de Galien. Les honoraires sont tarifes pour la ville et pour les environs; le medecin recevra un demi-iarenws ’ par jour, s^il ne sort ni de la ville ni du chateau; trois tareni par jour s’il va ci la campagne et sMl est heberge par le malade; quatre tareni s’il n’est pas defraye; les visites sont fixees i deux par jour et une pour la nuit, k la requisition du malade. Les pauvres sont toujours soignes gratuitement. Les dro^uistes {stationarii) et les apothicaires {confectionarii) sont places sous la surveillance des medecins qui ne devront jamais faire de marche avec eux, ni mettre des fonds dans leurs entreprises, ni tenir d’officine pour leur propre compte. Ceux qui vendent ou qui confectionnent les drogues pretent serment de se conformer au Codex; leur nombre est li- mite; il n’y en a que dans certaines villes determinees; les . prix sont regles suivant que les substances medicamen- teuses pourront ou non se conserver pendant un an dans la boulique. Deux inspecteurs imperiaux sont particuliere- ment charges, avec les maitres de Salerne, de veiller k 1’exacte preparation des electuaires et dessirops. Les re- glements d^hygiene publique et de police medicale, sur tout en ce qui concerne les maladies contagieuses, la vente des poisons, des philtres amoureux et d’autres 1 Le tarenus etail uneroonnaie d’or equivalenl a 20 grains ou deui carlins.
    channes, sont promulgues avec une grande solennile. Une organisation si bien entendue et Tanlique renom- meedeSalerne y altiraient beaucoupdetrangers^niedecins ou simples amateurs; Gilles de Corbeil avait sejourne dans cette ville au milieu du treizieme siecle; plus tard, Gilbert l’Anglais y vint etudier. Un Allemand, dans son Jtineraire, ccrit au treizieme siecle : Laudibus aeternum nullum negat esse Salernum; Illuc pro morbis totus circumfluit orbis, Nec debet sperni, fateor, doctrina Salerni, Quamvis exosa mihi sit gens illa dolosa. Salerne n’a plus ni affluence de malades, ni doctrine medicale, mais on peut y rencontrer encore des boteliers qui meritent Uepithete de gens dolosa. Nos poemes franpais du treizieme siecle celebrent les louanges de Salerne et des mires (medecins) qui y prati- quaient l’art de guerir; c’est aussi dans cette ville que les amants, en depit des prescriptions de Frederic, vont cher- cher les philtres merveilleux qui doivent les meltre en possession de 1’objet aime. Enfln, a la memeepoque, dans ses vastes et precieuses Encyclopedies connues sous le nom de Miroirs, Vincent de Beauvais met plus d’une (bis a profitles ecrils des medecins salernitains. Mais Frederic lui-meme porta un coup a FEcole me- dicale de Salerne, en creant a Naples un instilut tout semblable, qu’il dola richement et auquel il accorda de grands privileges. Toutefois, sous la domination des An-
    gevins (premiere el deuxieme branches, 1266-1435), M. de Renzi compte encore a Salerne plus de cent vingt mede- cins qui, pour la pluparf, etaient restes jusqu’ici incon- nus.Les medecins dont les noms nous ont ete conserves, et qui exergaienl dans le voisinage de Salerne, sont egalement tres-nombreux, et l’on ne peufqu’admirer la patience et Terudition qui ont fait sortir de si curieux renseignemenls de la poussiere des archives de Naples ou de la Cara. Durant cette longue periode, la medecine a Salerne ne vit plus qu’aux depens des Arabes; mais la chirurgie, qui avait regu une grande impulsion de Roger, reste fidele aux traditions greco-lalines. Les ouvrages salernitains ne sont ni en aussi grand nombre, ni aussi importants qu’on pourrait le supposer, d’apres la longue liste de medecins dressee par M. de Renzi; Tecole n’exerce plus guere d’in- fluence que par son enseignement qu’on vient ecouter de tous les points de ritalie, et meme des autres conlrees de 1’Europe. Puis, a mesure que Naples attire les faveurs des souverains, Salerne s’efface peu a peu; les reglements in- terviennent; les disputes s’elevent; on oublie la primaute de la Science pour ne plus songer qu’aux droits de pre- seance; etdeja la decadence se fait sentir sous la domina- tion des princes d’Aragon (de 1436 aux premieres annees du seizieme siecle). Avec les princes espagnols, alors que tout renait en Europe, une nouvelle ere semble s’ouvrir pourTecole de Salerne;ellese souvientdeses anciens jours et des grands noms qui avaient fait sa fortune et sagloirc. Mais les rivalites sans cesse renaissanles porlerent les der- d.
    niers coups h celte vieille instilulion; elle n’cxislait plus que de nom, lorsque la Faculte de medecine de Paris, en 1748,consullail le College des medecins de Salerneau sujet du difTerend cleve en France enlre les medecins el les chi- rurgiens. L'Ecole de Salerne, raodele et mere de toutes les uiiiver- sites du moyen age, disparait pour jamais devanl le decret du 29 novembre 1811. Sansrespect pour Fanlique et uni- verselle renommee de cette ecole, sans nui soiici des droits aequis et des Services rendus, ce decret applique dans toute sa riguenr le principe de la centralisation et, par pitie, il concede Salerne un instilut preparatoire, un lycee medical, une ecole secondaire de medecine, comme nous dirions en France! J’ai visite deux fois Salerne ‘en 1849; j’errais tristement a travers ces rues autrefois animees par tout le mouvement de la Science et de la pratique medicales; j’y recherchais vainement la trace ou le souvenir des maitres illustres dont la voix avait retenti au milieu des temps les plus agite's. Qui poiivait me redire ce que furent Petronius, Cophon, les Platearius, Barlholomaeus, etle venerable Musandinus et Felegant Maurus dont Gilles de Corbeil avait ecoute les legons? Qui se souvenait de la belle Trotula ou du ruse Constantii! ? Et a defautd’unegrande ipstitution medicale, quel monument pieusement consacre a toutes les gloires de FEcole me rappelait quelques traits de sa premiere histoire? Nui echo de la Iradition; pas une pierre de Fancien edifice; pas un manuscrit dans aucune biblio-
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