Volume 1

Oeuvres complètes d'Ambroise Paré / revues et collationnées sur toutes les éditions, avec les variantes; ornées de 217 planches et du portrait de l'auteur; accompagnées de notes historiques et critiques; et précédées d'une introduction sur l'origine et les progrès de la chirurgie en Occident du sixième au seizième siècle, et sur la vie et les ouvrages d'Ambroise Paré, par J.-F. Malgaigne.

  • Paré, Ambroise, 1510?-1590.
Date:
1840-1841
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Credit: Oeuvres complètes d'Ambroise Paré / revues et collationnées sur toutes les éditions, avec les variantes; ornées de 217 planches et du portrait de l'auteur; accompagnées de notes historiques et critiques; et précédées d'une introduction sur l'origine et les progrès de la chirurgie en Occident du sixième au seizième siècle, et sur la vie et les ouvrages d'Ambroise Paré, par J.-F. Malgaigne. Source: Wellcome Collection.

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    principalement lors que l’humeur melancholique est meslé auecla cho- lere, et qu’il s’est tourné en adustion : car lors il aduient rongne et gratele douteuse, morphée noire , chancre vlceré et non ylceré, ladrerie, et psora, qui est vne rongne puante où il est trouué de petits corps farineux, maladie qui est dite du vulgaire, mal saint Main : ils sont suiets aux scirrhes, hemorrhoïdes, varices, fle- ures quartes, continues, intermitten- tes et frequentes , quintaines, sexlai- nes, qui toutesfois aduiennent fort rarement : à dureté et tumeur de la râtelle. Ils ont les veines et arteres fort estroites à cause de la frigidité de leur tempérament, le propre de laquelle est de restraiiulre, comme le propre de la chaleur est de dilater : que si quelquesfois les veines en telles personnes semblent enflées, ce n’est point d’vn bon sang , mais plustost d'vne substance flatueuse, à cause de quoy ils sont difficiles à saigner, non seulement parce qu'il ne sort rien ou peu la veine estant ouuerte, pour la terrestritéettarditédeleurs humeurs: mais à cause que la veine ne fait pas beauieuà la première impression delà lancette, tant pource que le cuir des melancholiques est dur et rude, que aussi qu’elle n’estant presque pleine que de vent, elle fluctue, et ondoyé çà et là. Leur corps est froid et dur au tou- cher , ils ont songes et idées en dor- mant fort espouuantables : car qucl- quesfois il leur est aduis qu’ils voyent des diables, serpens, manoirs obscurs, sépulcres, et corps morts, et autres choses semblables, lesquelles impres- sions sont faites aux sens, à cause des vapeurs fuligineuses de l’humeur melancholique qui monte au cerneau, ainsi que nous voyons aduenir à ceux qui tombent en hydrophobie. Ils sont graucs et malins, frauduleux, trom- peurs, chiches, et extrêmement aua- res, tardifs à payer leurs debtes, craintifs, tristes, chagrins, grongnars, de peu de parole, pleureux, pensifs, ingénieux, desirans de grandes et excellentes choses, et sont fort soup- çonneux, solitaires, haïssans la com- pagnie des hommes, fermes et stables en leur opinion, tardifs à ire, mais quand ils se courroucent ils s'appai- sent difficilement. Et lorsque l’humeur melancholique a excedé son degré de iustice, ils deuiennent par pourriture et adustion dudit humeur furieux, maniaques, et souuent se précipitent et tuent. Ils sont cruels, opiniastres, inexo- rables, et leur esprit n’a point ou peu de repos : dont toutesfois ne faut faire reigle generale, ains considérer ce que Socrate respondit à ses disci- ples,qui se mocquoientdu physionome qui auoit iugé leur maistre (qu’on estimoit le plus continent et chaste de son temps ) eslre paillard : I’estois ( dit-il ) tel de nature, mais la Philo- sophie m’a enseigné autres mœurs. Car la bonne nourriture et les lettres peuuent changer l’inclination natu- relle. Les gens de cœur et magnani- mes ont esté pour la pluspart melan- choliques, aussi fort ingénieux, sages et prudens. On voit pareillement au- cuns auoir le visage d’vne vierge, et le cœur d’vn lion, comme Alexandre le Grand. Plutarque dit que ceux qui ne sont pas totalement bien nés, es- tons secourus par bonne doctrine et exercilation, peuuent recouurer le defaut de leur nature : ainsi qu’vue terre aride et pierreuse plus qu'il ne seroit de besoin, estant neantmoins bien cultiuée, porte bon fruit. Il est vray que selon la diuersité des lui-