Emile Littré, 1801-1881 / [L Guinet].

Guinet, L.

Date:: 1926

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Credit: Emile Littré, 1801-1881 / [L Guinet]. Source: Wellcome Collection.

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Un tel milieu n’a pas dû être étranger à la générosité des théories sociales de Littré, à son affranchissement des idées philosophiques généralement reçues, à l’ardeur avec laquelle il se fit le disciple d’AuGUSTE Comte, et à la tolérance dont il n’a cessé de se faire une règle vis-à-vis des autres, règle que ses ennemis — et il en eut de nombreux que lui avaient suscités ses attaques contre les jésuites sont loin d’avoir observée à son égard. Littré, dit Renan, « était persuadé que les tolérants posséderont la terre et que le libéralisme qui n’a pas peur de la liberté des autres est le signe de la vérité », et Renan rapporte l’anecdote suivante, bien caractéristique d une des façons d’être de Littré : « En 1872, visitant un phare sur les côtes de Bretagne, il tombe de la hauteur d’un premier étage : il en fut quitte pour quelques contusions; mais un journal des environs regretta qu’il ne se fut pas tout à fait rompu le cou. Nous ne pensions pas de même sur les questions théologiques, ajoutait M. Littré en racontant cette histoire, et telle est la forme que prenait son dissenti¬ ment. » (1) Le père, intelligent, d’une puissance de volonté et de travail presque égale, semble-t-il, à celle que nous trouverons chez son fils Emile, eut le courage, lorsque sa vie fut stabilisée, de reprendre à fond son éducation classique qui avait dû être fort négligée, d’ap¬ prendre le grec et même les éléments du sanscrit. Cette discipline du travail qu’il s’était imposée à lui-même, il l’imposa naturelle¬ ment à ses deux fils, Barthélemy, le cadet, et Emile. Celui-ci suivait les cours du lycée Louis-le-Grand, où chaque année il remportait tous les prix de la classe; il y avait comme condisciples, entre autres : Eugène Burnouf qui devait devenir un philologue remarquable et lui enseigner le sanscrit, Louis Hachette, le futur éditeur du Dic¬ tionnaire, L. Quicherat, l’auteur du dictionnaire latin qu’ont encore entre les mains, plus ou moins remanié, les étudiants français. Je note également parmi ses amis d’enfance, Jules Barthélemy Saint- Hilaire, de quelques années plus jeune que lui, qui deviendra le traducteur d’Aristote, dédiera sa traduction au père de son ami, tandis que Littré s’adonnera à l’étude d’HipPOCRATE. Emile devait se présenter à l’Ecole polytechnique; il en fut empêché par une luxation de l’épaule; et comme il n’avait pas la passion des mathé¬ matiques, il renonce définitivement à l’Ecole, et devient, à la sortie du lycée, secrétaire auprès du Comte Daru. Après quoi, il se met (1) E Rrnan, loc> cit , 143.