Observation de tumeur dermoide du plancher buccal / par J. Dardignac.

  • Dardignac, J. J. A.
Date:
[between 1880 and 1889?]
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Credit: Observation de tumeur dermoide du plancher buccal / par J. Dardignac. Source: Wellcome Collection.

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    les kystes congénitaux, ordinairement multiloculaires, empiètent sur la région cervicale. Mais il y avait lieu aussi, dans cette région, de penser aux autres tumeurs indépendantes des conduits salivaires, à un kyste der¬ moïde 4, à un lipome du plancher, à une tumeur ganglionnaire. Quoiqu’il en soit, l’intervention réclamée par le malade devait, au début, être la même dans le cas de tumeur dermoïde ou de kyste sé¬ reux. Je décidai en conséquence, de pratiquer une ponction qui aurait le double avantage d’éclairer le diagnostic et de dicter le trai¬ tement. Opération. — Le 24 novembre 1882, assisté de mon excellent collègue et ami, M. le médecin-major Cadot et en présence de M. André, méde¬ cin-major de première classe, chef du service militaire à l’Hôtel-Dieu, je procède à l’opération. Le malade étant assis, la bouche largement ouverte et la tête solide¬ ment maintenue par un aide, avec un trocart à hydrocèle assez volumi¬ neux, je pratiquai une ponction sur le côté gauche de la tumeur, à trois centimètres en arrière de l’orifice du canal de Warthon. La pression dut être assez forte, car j’éprouvais une certaine résistance pour faire péné¬ trer l’instrument : immédiatement, issue d’un liquide clair, transparent, séreux, semblable au liquide de l’hydrocèle ; ce n’était donc pas un kyste salivaire. Malgré des pressions répétées sur tous les points, il ne sortit environ que 70 ou 80 grammes de liquide. Le kyste pouvant être multi¬ loculaire, je pratiquai une nouvelle ponction du côté droit : il ne sortit rien. La tumeur existant toujours, dure, indolente, lisse et plus mobile, libérée seulement du liquide extrait, je pensai immédiatement à une tu¬ meur dermoïde, que je me mis en devoir d’extraire. Soulevant avec une pince la muqueuse voisine du frein, j’en coupai un morceau d’un coup de ciseau; avec le bistouri, je fis à droite et à gauche, à égale distance du frein, des orifices et des canaux de Warthon, des in¬ cisions de trois centimètres environ, parallèles aux arcades dentaires. Avec le doigt glissé sous la muqueuse qui se laisse facilement décoller, je constatai une tumeur occupant toute la région sublinguale et descendant vers l’os hyoïde, en arrière, tandis qu’en avant elle paraissait tenir très profondément, et sur la ligne médiane, au maxillaire inférieur. Bien qu’adhérente en certains points aux tissus voisins, elle est cependant énu- cléable, car la paroi paraît solide et résistante. La saisissant solidement de la main gauche avec des pinces, j’opérai des tractions en haut et en avant, tandis que de la main droite, armée alternativement de la spatule ou du bistouri, je la décollai des parties environnantes. Pendant ces ma- 1. Nicaise. Kyste dermoïde canaliculé de la bouche (Bul. soc. chir., 1881, p. 498).