Volume 2
Dictionnaire etymologique de la langue françoise / par M. Ménage, avec les Origines françoises de M. de Caseneuve, les additions du R.P. Jacob, et de M. Simon de Valhebert, le discours du R.P. Besnier sur la science des etymologies, et le vocabulaire hagiologique de M. l'abbé Chastelain.
- Gilles Ménage
- Date:
- 1750
Licence: Public Domain Mark
Credit: Dictionnaire etymologique de la langue françoise / par M. Ménage, avec les Origines françoises de M. de Caseneuve, les additions du R.P. Jacob, et de M. Simon de Valhebert, le discours du R.P. Besnier sur la science des etymologies, et le vocabulaire hagiologique de M. l'abbé Chastelain. Source: Wellcome Collection.
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![> H A R. H A S. tir, & Ifaa-c Pontanus dans fon Gloftàire au mot XIARPA. AI. Harpe. Comme la harpe eft un infiniment qui vient des Nations Septentrionales, c’eft âulîi dans les Langues de ces Nations qu’on doit chef- cher l’origine de ce mot. Wachter dans Ton Glof- farium Germanicum pag. 664. Harpe , harpfe * inftrumentum lyricum , fidibus tenfum. Anglofaxoni- bus hearpe lyra , cithara 3 hearpare citharadus, ft- dicen 3 hearpian citharifare -, harpa cancre. Cun'tla apud Somnerum. Extat & in Evangelio Anglojaxo- mco Luc. vu. 31. We Sungon eow be hearpan, and ge ne faltudun, cantavimus vobis ad lyram & non Jaltaftis. Eadem vox Francis notiftirna. Otfridus inter obleélamenta vit a cœleftis quibus fpiritualibus modis fruemur , refert organa mufica , lira , fidala, fuegala, harpharotta , lib. v. cap. xxn. 395. feq. In GloJJis Pezianis extat compofitum falmhariphà pfalteria. Et conftntiunt Septentrionales apud Fere- iium in Indice , ubi harpa , haurpa, lyra, fia harpü pulfarefides , harpare iyrifta , & ftmilia. Idem Bel- gis & Anglis harp , Suecis harpa. Tranjïit ex Ger- manico idiomate in Latinum medii avi. Inde harpâ inftrumentum muficum a lyra diverfum , apud Ve- nantium Eortunatum lib. y 11. carm. 8. & hinc porro harpare fidibus cancre , & harpator cithar&dus. Galli d Francis hahent harpe , Itali d Gothis vel Longobardis arpa. Alias tamen origines quant Ger- manicas pro more fettatur Ferrarius , Papiam lau- dans , qui d gente Arporum , quos inftrumenti hu- jus inventores vocat , nomenclaturam petit. Ibidem Ai os memorat, qui d Gr&co apTru , quod in extrema parte incurvetur , falcatum dixerunt. Stadenio eft ab haren clamare , in Foc. Bibl. pag. 2.90. Aliis ab horchen aufcultare. Reclius, opinor , ducitur ab àpaCêiv refonare , fonum edere, quia harpa non cia- mat , nec aufcultat ,fed refonat. Hodie eft trigo-num inftar Delta, & digitis pulfatur, non pleStro. Olim vero omne inftrumentum fidibus tenfum videtur de- no taffe. Nam harpare etiam dicitur is qui circuluni traélat. * HARPE’. On dit qu’un Levrier eft bien harpè> lorfque Ton eftomac defeend fort bas & que fon ventre remonte fort haut ; parce que fon eftomac & fon ventre ainft difpofés repréfentent le côté courbe d’une harpe, qui eft fort large par le haut, & étroit par le bas. C’eft par cette même raifon qu’on dit qu’il a le jarret bien herpe, par corrup¬ tion pour bien harpe. Huet. HARPIES, ou H A R P Y E S, Nom de cer¬ tains oifeaux fabuleux , dont parlent les Poètes, qui leur donnent un vifage de femme , avec des pieds 8c des mains crochues. On dit proverbiale¬ ment d’une femme avare , que c’eft une vraie W- pie. Ce mot vient du Grec dp^otcti, dérivé du verbe «P'/T-stÇe/y, qui fignifie ravir , enlever , emporter. On prétend dans la Bibliotéque univerfelle tom. 1. qu’il vient de l’Ebreu nmtf arbeh , qui lignifie fauterelle ; & on dit que les Harpies que les Argo¬ nautes trouvèrent chez Phinée n’étoient que des fauterelles. * HARSOIR, ouHERSOIR: par corrup¬ tion , pour hier au foir. Ce mot eft ufité dans les Provinces d’Anjou 8c du Maine , 8c de Norman¬ die : Et Ronfard s’en eft fervi dans un de fes Son¬ nets. Les Italiens difent de même ierfera. Voyez herfoir. M. H A S- HASE. Afpiré. C’eft la femelle du lièvre. De Tomç IU HAS. MAT. 27 l’Alleman hafe , qui fignifie un lièvre 3 foit malle * foit femelle. En Normandie hafe fe dit aulîi d’uné lapine. M. HASMONEENS , ou HASSAMONE’ENS, C’eft le nom que donnent les Juifs à la poftéritéde Mathathias. Il vient de l’Ebreu hhajchman, qui fignifie un Grand, un Seigneur. On écrit aulE ce nom fans h. Voyez Afmonéen , Les Hafrno- néens, ou Afmonéens, font appellés plus communé¬ ment Machabees. Voyez ce mot. * H A T- H A TE : afpiré. C’eft une broche dans le Ni- Vernois 8c dans la Lorraine. De hafta. Et de-là j contrehâtier -, pour un landier. Et le Hâteur : c’eft ainfi qu’on appelle dans là Maifon du Roi celui qui embroche; de haftator. Ç Les Touloulains difent aft, pour dire une broche. Aiéna l’aft , c’eft tourner la broche. M. HATER. J. Céfar Scaliger, fur le 4. livre de l’Hiftoire des Animaux d’Ariftote , alfûre que ce verbe vient d'aV]», ou en y ajoûtant l’as¬ piration. Et il dit que ce verbe fe trouve pour fef- tino , incito , dans Sophocle in Trachiniis 3 encore que d’ordinaire ce verbe Grec fignifie bondir ,fau- teler , 8c fe jetter fur quelqu'un. Cafeneuve. H ater : afpiré. Lat. feftinare. Jules Scaliger fur l’Hiftoire des Animaux d’Ariftote , livre iv. page 817.1e dérive d’cIosm. Potius dicerem folli- citantur. Hoc enim eft, & , & aksw : quo ver- bo ufus eft Sophocles in Trachiniis , pro incitare, fef-1 tinare : & adhuc durât apud Gallos , leni fpiritu in afpiratum verfo : haster : mixtum ex utraque pronuntiatione : «t%, ««■&>. Cafaubon , fur Suéto¬ ne , lui donne la même origine. Ne viendroit-il point plutôt de feftare y primitif inufité de feftinare? 1m > lôw, fcfto , feftino ? Ou de l’Alleman haften , qui fignifie la même chofe. M. Hâter. Cette derniere étymologie de hâter eft la feule véritable , 8c le mot François vient immédiatement du mot Teutonique ; quoiqu’il fe puilTè faire que le dernier foit venu du Grec IItIo» ou àww, cum impetuferor. Les Allemans difent haf¬ ten hâter, les Flamans haaften , les Anglois tchaft, les Suédois 8c les Bas-Bretons hafta. * HATÉREL. Ce mot eft encore én ulàge en Picardie. C’eft proprement le derrière du col. Le Catholicon Parvum : Cervix, hafterel. L’Hiftoire du Connétable du Guefclin chap. 10. Je le feray pen¬ dre par le hafterel. Enguerrand de Monftrelet voh 1. Lequel les ftft pendre par les haftereaux aux arbres. Parce que le derrière du col, appellé cervix , eft dur , à caufedes os qui joignent la tête au reftedu corps 3 un homme opiniâtre & endurci eft appellé cervicofus , 8c dura cervice : ce qui eft proprement en GrecrtTspLt', c6Tjpd/x«y,& ctTspa^y©-. Je 11e fais fi. de-là on n’auroit point formé hâterelj à caufe de fa dureté. Cafeneuve. HatereLjHatereau. Monftrelet, par¬ lant de la révolte des Gantois contre le Duc de Bourgogne , chapitre 7. volume z. Par le juge¬ ment de la Loy de Bruges , eurent les haftereaux coupez , ledit Chopin * le Doyen des Feuvres , le Couturier, & un autre. Et enfuite au même cha¬ pitre : CoppinCoppon eut le hafterel coupé, avec deux autres. Il employé le même mot en plufieurs au¬ tres endroits. L’Hiftoire du Conneftable du Guef¬ clin chapitre 10. Je le feray pendre par le hafterel. C’eft la nuque du cou, Rebours de Picardie :](https://iiif.wellcomecollection.org/image/b30456459_0002_0027.jp2/full/800%2C/0/default.jpg)