Volume 4

Cours complet d'agriculture, théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire; suivi d'une méthode pour étudier l'agriculture par principes: ou dictionnaire universel d'agriculture / par une société d'agriculteurs, et rédigé par M. l'abbé Rozier.

  • Rozier, François, 1734-1793.
Date:
1781-1805
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Credit: Cours complet d'agriculture, théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire; suivi d'une méthode pour étudier l'agriculture par principes: ou dictionnaire universel d'agriculture / par une société d'agriculteurs, et rédigé par M. l'abbé Rozier. Source: Wellcome Collection.

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    Sous ce bofquet enchanteur, une douce langueur s’empare de tous mes fens ; mon efprit s’abandonne a une rêverie portonde; des nuages légers viennent obscurcir mes yeux. Quel eft ce prodige nouveau ? eft-ce l’excès de la jouiffance? eft-ce un commen- cement de douleur? Pourquoi faut-il que la douleur fuive de fi près le piaifir ? Fuyons un danger pro- chain, & d’autant plus infenfibîe , qu’il eft recouvert par l’appât le plus féduifant, & femble menacer mon exif- îence: redoutons l’air que je refpire, & volons dans ce parterre aéré, où mille arbrifteaux fleuris coupent de temps en temps l’uniformité de cette immenfe broderie de Flore. Quel- qu’éîégant que fait ce defléin, quel- que juftes que foient fes contours, quelque favante que foit fa fymétrie, je cherche la nature, 5c je n’apper- çois que l’art: le canevas n’eft rien; je n’admire que les couleurs qu’elle a employées. Affeyons - nous à côté de cette corbeille de fleurs, admirons cette variété étonnante d’êtres vivans qui font couverts d’une étoffe brillante; toutes les fleurs précieufes femblent avoir été réunies fur ces tiges mo- biles. Quel mouvement foudain vient d’être imprimé aux anthères de la tu- lipe qui eft fous mes yeux? Un nuage, une vapeur célefte s’eft échapée de ces petits réfervoirs , 5c quelques atomes fe font fixés fur le ftigmate de ce piftil ; je les vois defcendre à travers fa cavité, 5c pénétrer juf- qu’aux embryons qui font plongés dans la léthargie; tout d’un coup ils s’éveillent, s’agitent, 5c un million d eti es nouveaux vient de recevoir l’exiftence. O nature ! quelle (impli- cite ! quelle grandeur ! F L E Mais déjà les courfiers du foîeil ont précipité fon char dans le fein d’Amphytrite , la nature fe couvre infenfiblement d’un voile épais ; les hommes 5c les animaux vont cher- cher dans les bras du fommeil de nouvelles forces 5c une nouvelle vie : ces fleurs femblent aulli les imiter, leurs tiges fe retournent, leurs pé- tales fe referment 5c cachent à mes yeux leurs brillantes richeffes , pour les prodiguer au retour du Dieu de la lumière 5c du pere de la nature. Pro- fitons de ces inftans de repos; 5c pour bien connoître ces individus qui viennent de me procurer de fi douces jouiflances , faifons - en l’anatomie, étudions leur diverfité , fuivons - les dans leur floraifon 5c défloraifon, voyons les effets de leur végétation, 5c pour prolonger nos plaifirs, tâ- chons de les conferver même après leur mort» Section II» Anatomie de la Fleur» Avant que d’entrer dans quelques détails anatomiques fur la fleur , établirons bien d’abord ce que nous entendons par ce mot. Qui croiroit qu’il y ait eu différentes interpré- tations de ce mot, 5c que les bo- taniftes, tant anciens que modernes, n’ont pas été 5c ne font pas même d’accord fur ce qu’on doit entendre par une fleur. Tantôt les anciens n’ont pris pour fleurs que les étamines, comme lorfqu’Aurelien nomme la rofe une fleur d’un beau jaune , contenue par un calice pourpre ; on voit bien qu’il entend ici par fleur les étamines jaunes qui font au centre de la rofe, 5c par le calice, les pé-