Volume 5

Cours complet d'agriculture, théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire; suivi d'une méthode pour étudier l'agriculture par principes: ou dictionnaire universel d'agriculture / par une société d'agriculteurs, et rédigé par M. l'abbé Rozier.

  • Rozier, François, 1734-1793.
Date:
1781-1805
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Credit: Cours complet d'agriculture, théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire; suivi d'une méthode pour étudier l'agriculture par principes: ou dictionnaire universel d'agriculture / par une société d'agriculteurs, et rédigé par M. l'abbé Rozier. Source: Wellcome Collection.

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    très-grandes & très - difpendieufes ; mais , fous diffe'rens prétextes de ré- parations Vraies ou apparentes, & de bois en décours, les précieux quarts de réferve font facrifiés à l’avidité des commendataires & des religieux, plus qu’aux befoins réels. Les leuîes forêts appartenantes aux chartreux, font complettement bien foignées , entretenues , confervées ; & les foins qu’en ont toujours^ pris ces pieux folitaires , ont engagé le gouverne- ment à les fouftraire de l’infpeéHon du tribunal des eaux & forêts : (i les autres ordres religieux, fi les abbés & les prieurs commendatai- res étoient animés du même ef- prit, & agiffoient d’après les mêmes principes que les chartreux , leurs forêts fudiraient prefque à la con- fommation du royaume. Il faut ce- pendant excepter celle de Paris, de ce gouffre immenfe qui dépeuple les bois à plus de trente lieues à la ronde. Il n’exifte aucune province dans le royaume où la difette du bois ne fe faite fentir du plus au moins, & dans quelques-unes elle elt extrême, par exemple , dans les provinces mé- ridionales ; j’en ai dit les raifons au mot Défrichement. Les Gaules jadis étoient couvertes par des forets, & leurs druydes y trouveroient à peine aujourd’hui un afile pour exercer leur culte religieux : d’un extrême on a paiîé à un autre. Il réfulte donc de la difette des bois où le royaume fe trouve réduit, que la meilleure fpéculation en agriculture, & digne d’un père de famille, eft de femer du gland, des châtaignes, de la graine de hêtre, de pin, de fapin; en un mot, de convertir en forêts toutes les terres d’un médiocre produit, & fur- F O R tout celles qui font éloignées des ha- bitations, ou dont la culture eft trop difpendieufe. Je l’ai déjà dit au mot Défrichement ; cultivons moins de fuperficie, mais cultivons mieux* Les terres produélives ne nous man- quent pas , mais les bras font trop rares ; la richefle de l’état dépend de la multiplicité des petits tenanciers, & les grandes poffeffions font tou- jours mal cultivées. Les petits te- nanciers ne peuvent pas convertir leurs héritages en forêts, parce qu’ils doivent vivre avec leurs produits ; cependant rien ne les empêche de fuivre l’exemple des normands, de clorre leurs pofieffions avec des haies plantées en chêne , en hêtre ; avec le temps ces arbres s’élèvent, & leur émondage fournit chaque année du bois de chauffage. On objeéiera, ( car que n’objeéle-t-on pas quand il s’agit d’introduire de nouvelles coutumes, même les plus avantageufes ) que les champs doivent être expofés à de grands courans d’air capables de diftiper promptement les rofées, les brouillards; mais en Normandie la chaleur y eft plus que tempérée , puifque le raifin n’y fauroit mûrir ; cependant l’héritage y eft environné par des haies & par de grands arbres; ( au mot Haie je décrirai la manière dont elles font conftruites) & mal- gré cette efpèce de rempart, les moif- fons y font luperbes , & les récoltes affurées. Dans les provinces où il règne des vents violens, les lifières d’arbres font encore plus néceffaires, & fans cette fage précaution, les poffeftions de Finduftrieux hollan- dois du cap de Bonne-Efpérance > feroîent prefque tous les ans anéanties par les ouragans fi communs dans ce parage ; le bambou y fupplée aux