De la vaccine et de ses effets.

  • Barrey, Claude Antoine, 1771-1837.
Date:
1808
    ( Vh) Le virus varioleux inoculé donne des signes de son action dès le second jour ;. le vaccin n'en donne que le troisième; l'engorgement des aisselles a lieu chez l'inoculé du cinq au sep- tième , tandis que chez le vacciné ce n'est que du septième au huitième. Celui-là a la fièvre le septième jour, chez celui-ci elle n'arrive que le hui- tième. A cette époque, le virus va- rioleux amène une éruption générale, et le vaccinique , des symptômes in- flammatoires avec pustules , qui sont plus grosses et plus enflammées que les boutons de la variole, parce que l'émonctoire est plus circonscrit. Le neuvième jour des piqûres varioleuses, l'inflammations'étend, le noyau phleg- moneux est plus dur et plus doulou- reux; il est entouré d'une efflores- cence pâle, de la largeur d'un écu de cinq francs. Ce n'est que le dixième jour que de semblables phénomènes B
    ( '8) se manifestent autour des pustules vaccines. Les croûtes de la variole tombent de bonne heure ; celles de la vaccine tombent plus tard. Ainsidonc, les traits de ressemblance les plus frap- pans, se trouvent entre la variole et la vaccine ; et s'il étoit possible de borner à l'endroit des piqûres l'érup- tion de la variole , elle auroit les mêmes avantages que la vaccine. Dans le quatrième chapitre , M. Barrey cherche à expliquer pourquoi une maladie éruptive est plus bénigne par inoculation que par contagion. Il observe, ce qui est incontestable, que la proportion des morts est infini- ment moindre parmi les inoculés que parmi ceux qui sont atteints de la petite vérole naturelle ; il ne pense pas que cette différence tienne à la préparation et au choix du sujet, puisque de deux enfans également foibles , soumis, l'un à la contagion
    variolique, et l'autre à l'inoculation,' le premier succombe , et le second est sauvé. Suivant lui, l'aptitude des vaisseaux absorbans pour le virus variolique, et pour tous les virus en général, est d'autant plus grande, que le virus est introduit seul. Le miasme de la variole est contenu dans le pus des pustules, mais dans ce pus tout n'est point principe morbifique,il n'y a que le virus contagieux qui traverse seul et séparé de son véhicule , l'épi- derme , et porte le trouble dans la machine. Lorsque la maladie, au con- traire , a été donnée par inoculation, le miasme et le véhicule sont tous absorbés par les lymphatiques ; elle est moins forte , sa marche est plus lente, et ses ravages sont diminués à-peu-près, pour se servir d'une comparaison grossière, comme on voit qu'une quantité quelconque d'a- cide sulfurique concentré, corroderoit B a
    l'œsophage si on la prenoit seule , tandis que cette même quantité, éten- due d'eau , peut être avalée impu- nément. Cette explication de la plus grande bénignité de l'inoculation de la petite vérole, s'applique également à tous les virus contagieux, à la peste même ; et il est infiniment probable que si le vaccin pouvoit être séparé de son véhicule et passer seul dans le torrent de la circulation, il auroit des effets aussi terribles que ceux de la variole naturelle. Le cinquième chapitre est consacré à prouver la vertu préservative de la vaccine. Les faits qui établissent victorieusement cette vertu, se pres- sent , ils sont connus de tout le monde ; aussi l'auteur ne rapporte- t-il que quelques exemples frappans qu'il a recueillis dans le cours d'une brillante pratique. Les ennemis de la •vaccine ne pouvant citer un seul cas
    ( « ) bien avéré du contraire , ont cherché la variole là où elle n'existoit pas, et l'ont confondue avec des affections qui n'ont eu avec elle aucune espèce de ressemblance ; c'est sur-tout 1t. petite vérole volante qui a donné lieu à de pareilles erreurs;cette érup- tion a quelquefois avec la variole la plus grande analogie , et il faut, dans certains cas, toute la sagacité d'un médecin pour la distinguer. La petite vérole volante dont MM. Valentin et Désoteux admettent deux espèces, la première à boutons lymphatiques, et la seconde à boutons purulens, a également nui à l'inoculation et à la vaccine. C'est elle qui a fait croire à quelques personnes qu'on pouvoit avoir deux fois la petite vérole. La fausse vaccine a également fourni des armes aux détracteurs de la dé- couverte de Jenner ; ils n'ont pas vu que la fausse vaccine ne dispensoit B 3